Répons, musique de Pierre Boulez. Festival d'Avignon 1988 -  - © Daniel Cande
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« J’ai horreur du souvenir ! » Dans les archives de Pierre Boulez

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Galerie des donateurs

Répons, musique de Pierre Boulez. Festival d'Avignon 1988 - - © Daniel Cande

Prolongation jusqu’au 6 novembre 2022 – Pierre Boulez (1925 - 2016), compositeur, chef d’orchestre et fondateur d’institutions majeures de notre paysage musical est l’une des personnalités les plus influentes de la vie musicale et intellectuelle du XXe siècle. Issues d’un fonds généreusement donné par la succession en 2017, les pièces présentées dans la galerie des Donateurs – manuscrits musicaux autographes, partitions annotées, correspondance, photographies, archives et objets – ­témoignent de son parcours.

Des documents inédits : archives et partitions d’orchestre

L’exposition présente des sources inédites qui éclairent particulièrement deux facettes de Pierre Boulez : le chef d’orchestre et l’homme d’institutions. Elle regroupe une centaine de documents, témoins d’une vie intense : manuscrits musicaux autographes (musique de scène pour L’Orestie, Structures pour deux pianos), archives et correspondance, agendas, photographies, programmes de concert ou encore instruments de musique comme ce percuteur à cloche Baoulé venant de Côte d’Ivoire, rappelant l’intérêt du compositeur pour les musiques extra-européennes.

Au cœur de l’exposition sont présentées les partitions d’orchestre annotées pour la direction par Pierre Boulez et truffées de nombreuses pièces jointes : ce sont ses propres œuvres, Le Marteau sans maître, et Répons, portant de nombreuses annotations sur le dispositif électro-accoustique ; mais aussi Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, Pelléas et Mélisande de Claude Debussy ou de Moïse et Aaron de Schönberg, par exemple. Avec les vidéos et les photographies, ces partitions sont de précieux témoignages du métier et de la pratique de celui qui renouvela la technique de la direction d’orchestre, alliant une connaissance précise de la partition à une gestuelle toute personnelle.

Dans un texte hommage au chef Roger Désormière, qui fut l’une de ses figures tutélaires, Pierre Boulez cite Le Soulier de satin de Paul Claudel : « J’ai horreur du passé ! J’ai horreur du souvenir ! Cette voix que je croyais entendre tout à l’heure au fond de moi, derrière moi. Elle n’est pas en arrière, c’est en avant qu’elle m’appelle ; si elle était en arrière, elle n’aurait pas une telle amertume et une telle douceur ! ». La défiance de Pierre Boulez à l’égard d’un passé figé et d’une mémoire fétichiste, nous invite à considérer cette exposition non seulement comme un hommage mais aussi comme une invitation à voir dans ces documents de nouvelles sources pour la recherche et la création.

Les archives de Pierre Boulez

Les archives de Pierre Boulez sont principalement réparties entre la Fondation Paul Sacher (Bâle, Suisse), à laquelle Pierre Boulez a cédé ses manuscrits musicaux et littéraires de son vivant, et la BnF (La médiathèque musicale Mahler conserve également deux manuscrits autographes de Pierre Boulez, Douze notations et Trois Psalmodies). À la suite du décès du compositeur en 2016, sa succession a fait don à la BnF de ses archives non couvertes par contrat avec la Fondation (bibliothèque, partitions annotées, archives et manuscrits, photographies et objets).

La BnF a également acquis en 2017 un manuscrit du premier chef-d’œuvre de Pierre Boulez, les Douze notations pour piano. Par le passé, la BnF s’est déjà enrichie, par acquisition et par don du mécène Pierre Souvtchinsky, d’une série de manuscrits d’œuvres de jeunesse du compositeur (Psalmodie, la Première sonate pour piano, la Sonatine pour flûte et piano, Visage nuptial, Structures), ainsi que d’un ensemble d’archives du Domaine musical, données par la mécène Suzanne Tézenas.

Enfin, certaines collections de la BnF viennent compléter ces fonds, en particulier les fonds du compositeur Olivier Messiaen ou de la Compagnie Renaud-Barrault. C’est donc un ensemble considérable d’archives relatives au compositeur que conserve la BnF.

Les vies multiples de Pierre Boulez

En 1945, Pierre Boulez a 20 ans. Il sort avec un 1er prix de la classe d’harmonie d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris et compose déjà pour le piano. Dès 1946, nommé directeur de la musique de scène de la Compagnie Renaud-Barrault, il dirige les musiques de Georges Auric, Francis Poulenc ou Arthur Honegger. En 1954, il fonde les concerts du Domaine musical, dont il assure la direction jusqu’en 1967, et qui se révèlent l’une des grandes aventures musicales du XXe siècle, par leurs programmes novateurs. C’est à cette époque qu’il compose une de ses œuvres les plus célèbres, Le Marteau sans maître, sur des poèmes de René Char, créé en 1955 à Baden-Baden. Par ses écrits et ses compositions, Boulez représente alors la pointe avancée d’une modernité musicale combative.

À partir des années 60, le compositeur devient aussi un chef d’orchestre d’envergure internationale, successeur de Leonard Bernstein comme directeur de l’Orchestre Philharmonique de New York et chef permanent de l’Orchestre de la BBC, à partir de 1971. Parmi tant d’autres, ses interprétations du Sacre du printemps de Stravinsky, de l’opéra Wozzeck d’Alban Berg ou de la Tétralogie de Wagner, aux côtés de Patrice Chéreau, font date dans le monde musical.

Répondant à l’appel du président Georges Pompidou, Pierre Boulez fonde en 1976-1977 deux institutions au service de la création : l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) ainsi que l’Ensemble intercontemporain, formation unique au monde de 31 solistes. C’est dans les studios de l’Ircam qu’il compose son chef-d’œuvre, Répons, œuvre spatialisée pour ensemble instrumental et dispositif électro-acoustique en temps réel. Devenu un acteur important de la politique culturelle française à partir des années 80, il s’implique dans les grands chantiers de son temps dédiés à la musique : l’Opéra Bastille, la Cité de la musique, puis la Philharmonie de Paris. Compositeur, chef d’orchestre, penseur de la musique, pédagogue et bâtisseur : Pierre Boulez a profondément marqué la vie musicale et culturelle de la seconde moitié du XXe siècle.

Commissariat

Agnès Simon-Reecht, conservatrice au département de la Musique, BnF

Informations pratiques

tarifs et conditions d’accès
 

Entrée libre et gratuite

Horaires

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi :
10 h - 19 h

Dimanche :
13 h - 19 h

Fermé le lundi et les jours fériés.

Accès

François-Mitterrand – Galerie des Donateurs
Quai François-Mauriac – 75013 Paris

 

Hommage à Pierre Boulez : lettres et musique

Concert lecture du 8 avril 2016

À l’initiative de Michel Archimbaud, esprit curieux et foisonnant, passionné de spectacle vivant, qui fête cette année ses cinquante ans d’édition, une soirée de lectures invite le spectateur à mieux connaître l’univers de Pierre Boulez. Des lectures d’extraits des entretiens avec Pierre Boulez, une correspondance entre Samuel Beckett et le musicien Coester et Sam, un texte du comédien Jean Martin, créateur de En attendant Godot, émaillent cette soirée musicale.

Avec Simon Adda-Reyss au piano et Edgar Moreau au Violoncelle, lecture de Denis Podalydès et Gabriel Dufay.

Revue de presse

Un événement autour de Pierre Boulez ne saurait être inintéressant. Celui-ci, avec ses documents inédits, peut constituer une respiration durant l’été parisien.

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Se souvenir de Pierre Boulez à la BnF
ResMusica

[Cette exposition] met en valeur un fonds considérable de documents et objets. On y découvre un éclairage fourni sur les activités de Pierre Boulez, chef d’orchestre et homme d’institutions.

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La Bibliothèque nationale de France rend hommage à Boulez, chef d'orchestre et homme d'institutions
France Musique