#BnFAttitude, un regard sur les habitants de la Bibliothèque

Depuis 2017, le compte Instagram de la BnF publie avec le hashtag #BnFattitude des portraits de lecteurs, visiteurs ou promeneurs croisés sur ses différents sites. Accompagnées de textes qui donnent à entendre la voix des personnes photographiées, ces images offrent une cartographie sensible des habitants de la Bibliothèque.

 

© Béatrice Lucchese / BnF

 

Ils viennent seuls, en couple, en bande, parfois en famille. Ils sont accoudés sur les longues tables en bois de la Bibliothèque de l’Arsenal, assis par terre dans les allées qui longent le jardin-forêt du site François-Mitterrand, dans la cour d’honneur du site Richelieu, ou encore allongés dans des transats face à la Seine. Étudiants, retraités, chômeurs, danseurs, enfants, chercheurs, artistes, ils viennent de la porte à côté ou du bout du monde. Ils ont dans les mains le quotidien du jour, des polycopiés de biologie ou une somptueuse carte marine du XVe siècle. Ils regardent l’objectif avec fierté, circonspection, défi, ils se cachent derrière un livre ouvert ou font mine d’oublier la présence de la photographe.

Faire poser, faire parler

Tous ces portraits sont le produit d’un regard singulier, celui de Béatrice Lucchese, qui travaille au sein du service de coordination Internet et réseaux sociaux de la BnF. Plusieurs fois par mois, elle se met en quête. Elle arpente les halls d’accueil, les salles de lecture et les espaces d’exposition, munie de quelques feuilles volantes et du smartphone avec lequel elle fait toutes les photographies de la série : « Quand je prends mon gros appareil, les gens me repèrent et m’évitent, alors qu’avec le téléphone, je passe inaperçue ! » Un regard, un vêtement ou une attitude attirent son attention. Elle se lance et engage la conversation : parfois ses interlocuteurs refusent d’être photographiés, parfois la séance de pose se règle en peu de temps, mais souvent, c’est plus long. Car Béatrice Lucchese ne se contente pas de faire poser les gens qu’elle rencontre, elle les fait aussi parler. Elle note ce qu’ils racontent, puis le restitue dans les longues légendes qui accompagnent les posts du compte Instagram de la BnF.

Le monde tel qu’il va

Éclairé par le texte, le portrait prend alors une autre dimension, se charge d’une histoire, d’une vibration, d’une palette d’émotions. On y découvre des personnalités, des parcours multiples et inattendus. Mises bout à bout, ces bribes de vies attrapées au vol dressent une cartographie en mouvement des habitants de la Bibliothèque et révèlent la très grande diversité de leurs profils. Elles laissent aussi entrevoir le monde tel qu’il va hors des murs de la Bibliothèque, avec ses soubresauts et ses moments de répit, ses motifs d’émerveillement et de préoccupation. Crise écologique, ParcourSup, pandémie, engagement politique et associatif, rencontres amoureuses et intellectuelles, doutes, espoirs, désirs d’accomplissement et de changement – autant de sujets abordés au fil de portraits qui nous font voyager dans cette bibliothèque-monde qu’est la BnF.

2024, #BnFAttitude continue

  • Le temps retrouvé
    Portrait – Description ci-après
    Portrait – Description ci-après

    Le temps retrouvé

    Elle a quitté Séoul, sa ville natale pour venir en France, elle voulait travailler sur Proust. Elle est maintenant étudiante à la Sorbonne. Aujourd’hui, installée en bibliothèque de recherche, elle est occupée à rédiger le mémoire de sa 2e année de master. Comme sujet, elle a choisi Proust, lecteur de Balzac.

    Ce goût de la littérature française remonte à son enfance. « Chez nos parents, il y avait une petite bibliothèque familiale où je pouvais entrer librement. Mon père… aimait acheter des collections de littérature mondiale… il pensait que la lecture serait propice à l’éducation de ses enfants. » Elle a découvert là, entre autres, Les misérables, Jules Verne, Le Comte de Monte-Cristo et Gide à l’adolescence. Elle a adoré ces romans, a plongé tout droit dans la littérature française, sans même le savoir. Une attirance, qui ne l’a pas conduite vers des études de lettres. Pour satisfaire le désir de ses parents, elle s’est tournée vers le droit. Pendant longtemps, elle a été assistante dans un cabinet d’avocats à Séoul. Elle dit : « C’était difficile…Toujours parler de conflit, d’argent. J’étais très stressée par mon travail. »

    À l’âge de quarante ans, elle apprend qu’elle est atteinte d’hyperthyroïdie et d’un problème de vue. Elle craint de ne plus pouvoir lire. Elle pense que son temps est peut-être plus limité qu’elle ne le croit. Elle décide alors de faire ce qui lui importe vraiment, c’est-à-dire étudier Proust. Elle a découvert l’écrivain, à 20 ans : « Je l’ai aimé parce que dans la Recherche, il raconte un très beau souvenir d’enfance. »

    À 46 ans, elle change donc de vie et de pays : « Je voulais voir d’autres mondes. » Quatre ans plus tard, sa ferveur proustienne ne se dément pas. Elle envisage d’ores et déjà de candidater à un doctorat à la Sorbonne et réfléchit à son futur sujet de thèse. Elle a aussi promis à une amie professeure qu’elle retournerait en Corée afin de transmettre ses connaissances et enseigner à l’université. Elle dit qu’elle a également le projet de traduire la Recherche en coréen, le temps se déploie et son édifice proustien se construit.

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  • Sans bruit
    Portrait – Description ci-après
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    Sans bruit

    Normalement il fréquente la bibliothèque du centre Pompidou, mais elle est fermée le mardi. Il dit : « De toute façon maintenant je vais venir uniquement à la BnF, comme je prends le RER C, c’est en ligne droite jusqu’ici. » Il précise : « Actuellement, je suis à Étampes, chez mon fils. »

    Il est camerounais, il vient régulièrement en France depuis une bonne dizaine d’années pour visiter ses enfants qui faisaient leurs études à Paris. Maintenant ses enfants travaillent, ils sont ingénieurs et lui est à la retraite. Il était comptable à Douala.

    Chez son fils, il dit qu’il y a ses petits-enfants et du bruit. Il cherche le calme, un endroit pour lire et écrire, ajoute qu’il aime les bibliothèques. Il a été lui-même bibliothécaire dans son église du Christ de Saint-Jacques dans le 14e arrondissement. Il fait des recherches spirituelles.

    Il dit qu’il aime la France. Maintenant qu’il a un titre de séjour, « depuis 2021 » il envisagerait bien de rester. « Tout dépendra de la volonté divine, j’ai confiance que je serai là où je dois être. »

    Il voudrait aider les gens, pense que cela pourrait être plus facile en France. Il voit de la souffrance morale, il dit plusieurs fois que les gens ne savent pas réellement qui ils sont et que c’est la cause de leur souffrance.

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  • Année décisive
    Portrait – Description ci-après
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    Année décisive

    Elle est entourée de quelques usuels de philosophie disponibles dans la salle K de la bibliothèque de recherche. Elle prépare l’agrégation et préfère être là plutôt qu’à la bibliothèque de la Sorbonne où elle fait ses études. Elle dit que c’est assez stressant d’être sous le regard de ses futurs concurrents qui, du coin de l’œil, mesurent l’avancement de leurs voisins dans le programme. A la BnF, même dans la salle dédiée à la philosophie, la population des lecteurs et lectrices est plus mélangée et elle se sent tranquille.

    Elle a obtenu deux masters, un en littérature, sur la morale dans « Les jeunes filles » de Henry de Montherlant. Son second mémoire traitait aussi de morale, mais cette fois ci dans l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, car si elle a commencé par la littérature, elle s’est aperçue peu à peu, qu’elle était plus attirée par les concepts : « J’ai balancé entre sensibilité et abstraction, finalement, j’ai tranché pour l’abstraction. »
    Elle a terminé son master de philo il y a plus d’un an, a vaguement tenté l’agrégation mais elle parle d’une absence à elle-même, une année blanche, un chagrin d’amour.

    Au début de l’été dernier, elle a décroché un poste de rédactrice dans un ministère. Elle s’y est vite ennuyée. Ce travail décevant lui a donné matière à réflexion, elle dit : « C’est là que j’ai acquis la conviction que je voulais vraiment devenir professeure de philosophie. » A l’automne, elle a donné sa démission et s’est mise à préparer sérieusement l’agrégation. Cette année, le concours est au mois de février, plus tôt que l’année dernière. Elle consacre tout son temps à l’étude, ne veut pas disperser son attention.

    Si on lui demande pourquoi elle a envie d’enseigner elle dit : « J’ai eu des profs qui m’ont marquée, ils m’ont donné le goût du compagnonnage avec les grands auteurs et l’enthousiasme pour leur génie. » C’est aussi cela qu’elle aimerait transmettre à ses élèves.

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2023, incertains regards

  • Les experts
    Portrait – Description ci-après
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    Les experts

    Ils se sont installés en salle G mais ils sortent pour faire une pause. L’un d’entre d’eux a faim. Ils ont entamé des révisions depuis 3 semaines au moins. Ils s’apprêtent à passer l’examen du DSCG (Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion). Ils disent : « Une semaine entière d’épreuves. » Ils viennent souvent ensemble pour se motiver. Certains d’entre eux ont déjà un master, tous ont au minimum cinq années d’études derrière eux.

    Ils disent que le DSCG est un pré requis au DEC, diplôme d’expertise comptable, c’est là leur but, devenir expert-comptable ou commissaire aux comptes.
    Pourquoi se sont-ils lancés dans ces études ? Celui qui a faim dit spontanément : « Ça paye bien ! » Les deux autres garçons s’offusquent un peu en riant puis confirment.

    Le plus grand, parle avec précision, ajoute que ce métier donne un certain recul et une vision globale de l’entreprise et de son fonctionnement, c’est ça qui lui plait. Celui qui a faim dit qu’il aimerait monter son propre cabinet : « L’argent toujours. » Le troisième, un peu sur la réserve, un peu pince sans rire, approuve pour le cabinet et l’argent et ajoute que ce qu’il l’attire aussi : « C’est le conseil et l’accompagnement du client. »
    Ils font tous trois, leurs études en alternance et sont d’accord pour dire : « C’est clairement un avantage, ça permet d’acquérir de l’expérience tout en finançant nos études. L’alternance c’est la voie royale ! »

    Celui qui est grand et précis dit que cependant, il ne se voit pas faire expert-comptable toute sa vie. Il ne sait pas encore dans quel domaine, mais il aimerait ensuite être entrepreneur.

    Celui qui est pince sans rire dit : « Bon, je ne me ferme aucune porte mais je vais rester dans le domaine financier. Je suis cartésien et philanthrope, je kiffe la vie. »

    Celui qui a maintenant fini son en-cas, n’arrive pas trop à se projeter. Il se voit faire des pauses dans son parcours d’expert-comptable : « Vers 30 ans, non, non, mettez plutôt vers la quarantaine. » Histoire de s’aérer l’esprit. « Sinon, trop de comptabilité ça va me tuer ! »

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  • Team Florence
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    Team Florence

    Il est en pleine écriture des derniers chapitres de sa thèse, il ne lui en reste plus que trois à rédiger. Il est chercheur en histoire de la cartographie. Après six années de travail sur son sujet il affirme : « Je boucle en septembre ! ».

    Sa thèse porte sur une famille de producteurs et vendeurs de cartes à Paris. Il étudie le fonctionnement de leur atelier et les conditions de production des cartes au XVIIe et au XVIIIe siècle dans la capitale. Ce jour d’été, il est venu vérifier certaines données bibliographiques. Il analyse une carte particulièrement importante dans la production de cette famille. Comme elle n’est pas numérisée, il a fait le déplacement jusqu’à la salle de lecture des Cartes et Plans de la BnF. Il s’est octroyé une semaine de recherche à Paris, il est allé à la bibliothèque Mazarine et aux Archives nationales. Il vit à Besançon où il avait un poste d’A.T.E.R. (Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche) pour l’année universitaire.

    Il va soutenir sa thèse à l’automne et ensuite il dit : « Advienne que pourra ! » Il ajoute : « C’est assez compliqué d’avoir un poste d’enseignant chercheur. » Il a le rêve d’aller vivre en Italie et d’y faire de la recherche. Il précise : « Je suis plutôt team Florence. »

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  • Double madeleine
    Portrait – Description ci-après
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    Double madeleine

    Deuxième jour des vacances de la Toussaint. La mère du garçon voulait l’emmener dans une bibliothèque, travailler un peu, revoir ses dernières leçons de maths et d’histoire. Ils disent découvrir la BnF pour la 1re fois, le garçon l’affirme, la mère acquiesce vaguement.

    Elle encourage son fils de 12 ans à s’exprimer, il explique que c’est lui qui a proposé de venir à la BnF. Quand il était en primaire, et comme ils n’habitent pas très loin, ils avaient l’habitude d’aller jusqu’à la BnF : « Les dimanches, souvent. » complète la mère. Ils s’asseyaient sur les escaliers de l’esplanade, le garçon y prenait son goûter. Jamais il n’avait franchi le seuil de la bibliothèque. Aujourd’hui, il a dit à sa mère : « Maintenant que je suis plus grand, j’aimerais entrer à l’intérieur. »

    Il trouve que dedans, c’est joli et grand aussi. Il est un peu déçu car ils n’ont pas réussi à repérer la salle de la littérature jeunesse. « Il a tout dit !» renchérit la mère.

    Le garçon a fait ses maths sur l’ordinateur, lové sous la table de sa station de travail, maintenant ils compulsent ensemble le cahier d’histoire.

    Ils vont partir bientôt, le garçon manifeste le désir d’un retour le lendemain, à la recherche de l’évanescente salle de littérature jeunesse.

    La mère révèle in fine : « Il y a longtemps, quand je faisais mes études, je venais ici, avec mes copines. » Elle se souvient qu’il y avait beaucoup de monde, elle devait faire la queue pour entrer. « Revenir après toutes ces années, c’est un peu la madeleine de Proust. »

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  • Une femme dans le vent
    Portrait – Description ci-après
    Portrait – Description ci-après

    Une femme dans le vent

    Elle traverse presque tout Paris pour venir à la BnF, une heure de trajet depuis Boulogne Billancourt. Elle ajoute « Mais bon je ne travaille pas. » Elle a pris sa retraite en 2008, avant cela, elle avait un poste à l’OCDE au sein de la délégation japonaise. Elle est née à Tokyo et habite ici depuis 1971. Elle dit : « J’ai vécu plus longtemps en France qu’au Japon ! Elle énumère des évènements auxquels elle a assisté : « l’inauguration du centre Pompidou, celle de la BnF, sa construction… et les lapins, je me souviens des lapins du jardin. » Elle fréquente régulièrement les lieux, précise qu’elle a sa carte des Amis de la BnF depuis pratiquement 30 ans. Elle aime voir les expositions.

    Ce jour d’été, elle a visité celle consacrée à Julien Gracq dans la galerie des donateurs, elle dit qu’elle a apprécié son indépendance d’esprit, le fait qu’il ait refusé le prix Goncourt.

    Souvent, elle va aussi jusqu’à la Cinémathèque qui est tout à côté et puis elle revient s’assoir au Café des Globes, dans le hall de la BnF, parfois entre deux films. Là, elle a l’habitude de lire son journal en buvant un expresso.

    L’esplanade lui plait beaucoup, même s’il y a toujours du vent, elle s’y promène à chaque fois. Elle dit : « Je fais le tour du jardin. »

    Elle trouve que c’est très tranquille ici par rapport à d’autres lieux culturels parisiens : « C’est presque un autre monde, ça me repose. »

    Elle réfléchit un peu, ajoute qu’elle est bien à Paris, elle ne pourrait plus vivre au Japon, elle se sentirait étrangère. Il y a trois ans, elle a perdu sa mère qui habitait dans la banlieue de Tokyo, elle avait 100 ans. Maintenant au Japon, il ne lui reste plus que sa sœur.

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  • Horizons latins
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    Horizons latins

    Elle est à Paris pour une semaine de recherches très concentrées. Elle est allée à la bibliothèque Sainte Geneviève, à l’INHA et a même rencontré le descendant d’un peintre français du XIXe. Ce jour d’été, elle compulse des recueils de peintres dans la salle de lecture des Estampes et des Cartes et Plans à Richelieu.

    Elle a soutenu sa thèse il y a dix ans, depuis, elle s’est spécialisée dans l’étude des peintres voyageurs en Amérique latine au XIXe siècle, sujet déjà au centre de sa thèse. Elle est également agrégée d’espagnol. Elle explique que sa carrière est assez compliquée. Faute de trouver un poste fixe d’enseignante chercheuse, elle passe de poste d’A.T.E.R. (Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche) en poste d’A.T.E.R. Elle a aussi été prof d’espagnol en lycée. Depuis 10 ans, elle dit qu’elle a pratiquement déménagé tous les ans. Malgré ce parcours mouvementé, et l’absence de financement de ses recherches, elle a la satisfaction d’avoir collaboré à des ouvrages publiés au Brésil et au Chili. Elle a écrit beaucoup d’articles, 10 ans à creuser un sujet qui l’anime toujours. Elle dit qu’elle est presque la seule spécialiste en France et qu’elle a à cœur de faire connaitre ces artistes plus méconnus que les peintres orientalistes qui, à la même époque, partaient vers l’Afrique du nord, la Turquie…

    Ces peintres captivés par l’Amérique latine, elle les décrit comme s’intéressant aussi bien à la faune, qu’à la flore, à l’architecture, aux gens et à leur traditions : « Ils étaient au croisement d’un désir de documenter, de l’aspiration vers l’ailleurs et la fascination de l’autre. »

    Elle prépare un livre sur l’ensemble de ces peintres voyageurs, ou elle y analyse et questionne leur art de peindre en voyage.

    Après cela, elle pense qu’elle aura fait le tour de son champ d’étude puis elle nuance : « Il y aurait quand même pleins d’autres choses à faire sur le sujet. »

    En attendant elle va boucler sa semaine de recherches à Paris, dit qu’à la rentrée elle aura un poste de professeur dans l’Aisne et continuera en parallèle son inlassable travail de chercheuse.

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  • Ça devrait bien se passer
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    Ça devrait bien se passer

    Fin juillet à Paris.

    Hier c’était sa première fois à la BnF. Elle est dans une école de commerce, elle vient préparer son oral de master en ressources humaines. Elle a terminé l’écrit la semaine dernière et sa soutenance est le lendemain. Elle boucle sa troisième année, dernière étape avant de décrocher son diplôme. Elle va devoir attendre la mi-août pour avoir les résultats, mais elle dit : « Normalement ça devrait bien se passer. »

    Elle a fait ses études en alternance, elle travaille dans un cabinet d’accompagnement et de conseil en ressources humaines. Après l’obtention de son diplôme, elle va d’abord aller se reposer en Guadeloupe. Ensuite, elle rêverait de partir au Canada, elle a envie de faire une expérience de travail dans un pays anglophone. Elle dit qu’elle a des connaissances qui sont parties là-bas et lui ont rapporté avoir rencontré une grande diversité culturelle et une ouverture d’esprit plus large qu’en France. Elle avait également pensé aller en Australie mais c’est vraiment loin, et l’idée de risquer d’y croiser des araignées dangereuses l’inquiète. En fait, elle dit qu’elle a un petit peur de partir vivre ailleurs mais elle est persuadée qu’elle doit le faire.

    Voyager l’attire, elle évoque le Cap Vert, le Maroc, le Sénégal…et puis reparle de la nécessité de travailler. Un tiraillement, une aspiration. Cela ne semble finalement pas trop lui peser. Elle dit que juste après son bac elle avait entamé des études de marketing qu’elle n’avait pas du tout aimées, elle s’est alors dirigée vers les ressources humaines et elle conclut : « Là, je pense que j’ai trouvé ma voie. »

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  • Enthusiast !!
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    Portrait – Description ci-après

    Enthusiast !!

    Il flâne dans le musée de la BnF comme un vrai touriste, il tempère : « well, half a tourist. ». Il est né en Angleterre mais vit à New York depuis 2010. Il a la double nationalité étasunienne, anglaise. Il vient à Paris régulièrement. Il dit qu’il y passe 20 % de son temps, précise que le COVID a fait un peu baisser ce pourcentage. Il adore la ville, et trouve les gens très gentils. Les Parisiens désagréables ? Non, il ne se rallie pas à cette opinion, il ajoute : « Mais peut-être faut-il être étranger pour aimer les Parisiens ! »

    Il est scientifique, chercheur en neurosciences. Il vient travailler à l’ESPCI, l’« École supérieure de physique et de chimie industrielles ». Il dit que c’est un endroit extraordinaire : « Vous vous rendez-compte, un lieu qui cumule, en physique et chimie, sept prix Nobel ! »

    Il explique que depuis 4 ans environ, l’ESPCI développe un nouveau secteur de recherche en biologie. Il collabore dans ce domaine avec une équipe de l’INSERM sur l’addiction à la nicotine.

    À New York, il dirige un laboratoire en neurosciences et neurophysiologie dans une école de médecine.

    Mais pas de sciences aujourd’hui, il est venu pour voir l’expo Degas et il a adoré. Il montre sur son téléphone, les photos qu’il a prises : « Les carnets de Degas, des pages jamais montrées ! » « Regardez, ce dessin, juste quelques traits, et voilà un personnage ! » une facette du peintre qui l’étonne et le ravit.

    Il confirme sa grande appétence pour l’art, la conversation suivant son cours vagabond aborde ensuite les rives de la mode. Il en a une connaissance très pointue. Il est question de plusieurs grands couturiers japonais qu’il admire beaucoup. Il dit qu’on peut rencontrer des scientifiques férus d’art mais fou de mode comme lui, c’est moins sûr.

    Quand il remplit son autorisation de droit à l’image, il réalise que c’est le 4 juillet, jour de fête nationale aux États Unis, il ajoute deux points d’exclamation près de la date, comme une formule sur un tableau noir, et file terminer sa visite du musée.

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  • Un petit secret
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    Un petit secret

    Elle vient dans la salle Ovale pour lire.

    Elle travaille beaucoup, dit qu’elle a des activités professionnelles intellectuellement très prenantes, elle ne souhaite pas préciser lesquelles. En tout cas, cela rend d’autant plus nécessaire sa pause lecture d’une heure tous les jours. Elle s’y tient avec rigueur. Elle dit qu’elle a commencé à vraiment aimer lire vers sa douzième année.

    Elle a toujours vu son père, qui est traducteur, penché sur ses dictionnaires et ses livres techniques. Parfois sa mère le retrouvait endormi au petit matin la tête posée sur les dictionnaires. Cette image de son père, elle la trouve belle.

    C’est un petit secret qu’elle partage aujourd’hui.

    Son père, au milieu des livres, travaillant, elle pense que cela a influencé son goût pour la lecture.

    En ce moment, elle relit « Les Âmes mortes de Gogol » qu’elle avait découvert l’année de son bac. Elle en a un beau souvenir, quoique vague. Elle dit qu’elle a envie de se replonger dans la rêverie que cette lecture avait provoquée en elle. Elle se demande si elle va retrouver les mêmes sensations qu’alors, le même enthousiasme, la même brillance.

    Elle est dans une période comme ça, où elle renoue avec des auteurs abordés il y a une douzaine d’années, et dont parfois elle n’avait pas terminé les ouvrages, principalement des classiques, elle évoque Baudelaire.

    Elle remarque qu’aujourd’hui, il lui est plus difficile, même pour une heure, de se laisser aspirer entièrement par un livre. Quand elle était plus jeune, elle dit qu’elle pouvait tout oublier dès qu’elle avait un livre à la main. Elle aimerait beaucoup retrouver ce super pouvoir de sa jeunesse.

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  • Loin de Rouen
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    Loin de Rouen

    Il a l’habitude de venir travailler dans la salle Ovale. Il arrive le matin vers 10h. C’est pratique pour lui, il n’habite pas très loin et puis il trouve que c’est beau. Il est en première année de licence d’histoire à l’université Panthéon Sorbonne, il a 18 ans. Il accepte le principe du portrait mais ne veut pas y consacrer beaucoup de temps, il doit réviser ses partiels d’histoire médiévale. Il dit que d’autres étudiants de sa licence sont aussi des habitués des lieux. Aujourd’hui sa copine, qui vient de s’éclipser, était là aussi, ils font les mêmes études et vivent pratiquement ensemble dans son 10m2.

    Il dit que ce sont ses professeurs qui lui ont transmis le gout de l’histoire. Il se souvient particulièrement de son professeur de géopolitique de première, il était aussi journaliste et enseignait l’histoire du XXe siècle, jusqu’à nos jours. Il aimait beaucoup ses cours.

    A la fac, il découvre l’histoire plus ancienne et cela l’intéresse aussi. Il a d’ailleurs un faible pour l’histoire médiévale, surtout la première moitié du Moyen-Âge, soit du Ve au Xe siècle environ.

    Pour le moment, il fait ses études par passion, il voudrait faire un métier dans le domaine mais il ne sait pas encore trop quoi.

    Il dit que cette première année a été particulière, il débute sa vie parisienne et sa vie d’étudiant. Il est originaire de Rouen. Sa fac a connu quelques blocages, en raison du grand mouvement solidaire contre la réforme des retraites, certains cours n’ont pas eu lieu. Il a aussi expérimenté le quotidien pas si facile des étudiants.

    Même s’il a droit à une allocation logement, il pense que les étudiants ne reçoivent pas beaucoup d’aide. Il espère pouvoir travailler cet été à l’accueil d’un théâtre mais il n’a pas peur de le dire pour le moment, il vit un peu dans la précarité.

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  • En campagne
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    En campagne

    Il habite à Lyon mais en ce moment il loge chez sa mère dans les Yvelines. Il s’est prévu un programme de recherches de 2 semaines à Paris. C’est la 1re fois qu’il vient à la BnF. Il est doctorant sous contrat à l’université Louis Lumière Lyon II. Il est rattaché au laboratoire d’études rurales. Avec célérité, il photographie en intégralité un ouvrage introuvable en version numérisé, le dernier de sa journée. Il en a déjà photographié une dizaine ce jour-là?! Il dit «?J’ai l’habitude.?» Il précise que beaucoup de ces ouvrages, environ les trois quarts, ne sont plus édités, certains, environ un tiers ne sont pas accessibles en dehors de la BnF.

    Il scrute les impacts politiques et culturels de la 1re guerre mondiale sur les paysans français. Il analyse par exemple, comment, durant cette guerre la conscience politique paysanne s’est formée, il parle, entre autre, de l’éclosion du pacifisme et du syndicalisme dans ces milieux. En ce moment, il consulte la totalité des témoignages de poilus paysans publiés depuis la guerre. Il dit qu’il y en a en tout, environ une centaine.

    Il étudie l’histoire contemporaine depuis 5 ans, et son sujet favori a toujours été la Première Guerre mondiale, il dit qu’il ne saurait pas vraiment expliquer pourquoi.

    Il a aussi un CAPES d’Histoire-Géographie. Il pensait devenir professeur de lycée mais l’opportunité de candidater à un contrat doctoral unique en sciences sociales lui a ouvert d’autres perspectives. Au début, il voyait ce travail de thèse comme une parenthèse mais maintenant même si le métier de professeur l’attire toujours, il sait qu’il pourrait aussi être maître de conférences.

    Il s’apprête à rentrer chez sa mère. Il dit que le soir, il trie les photos des ouvrages, il les classe par département ensuite il commence à prendre des notes. Son séjour à Paris va lui permettre de conclure ses recherches pour la 1re partie de sa thèse, la guerre de 14-18 proprement dite. Il va pouvoir se consacrer pleinement à sa seconde partie sur l’entre-deux guerre.

    Mais il dit : « Ce n’est pas encore fini, après les recherches, il y a l’écriture.»

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  • Ligne claire
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    Ligne claire

    Elle pense qu’elle n’est pas vraiment une bonne candidate pour un portrait. Elle dit?: «?Je ne suis pas très représentative, je n’habite pas la région, je n’habite même pas en France, c’est la 1re fois que je visite la BnF. Vous ne voulez pas photographier quelqu’un de plus jeune ??»

    C’est sa fille qui a tenu à lui montrer la salle Ovale, ses petits-enfants sont là aussi?: « Ma fille connaît bien la bibliothèque, elle est linguiste, elle travaille à Lille mais nous sommes belges.?» Elle habite en Haute Ardenne près de la frontière luxembourgeoise et sa fille dans la région liégeoise.
    Elle était éducatrice, à la retraite depuis longtemps à cause de sa polyarthrite.

    Ils ont 5 jours de vacances, pour voir Paris et Versailles. Ils viennent de suivre une visite commentée sur le fonds de bandes dessinées de la salle Ovale. Elle est un peu fatiguée alors elle s’est assise pour lire un moment. Elle a choisi un album de Bécassine. Retrouver un personnage de son enfance l’amuse. Elle dit qu’elle est née dans une famille où on aimait lire. «?Il y avait des livres et des journaux chez nous?». Elle ajoute?: «?On n’avait pas beaucoup de distraction, la moindre chose à lire était bonne à prendre.?»

    Le temps de la séance photo, elle termine l’album. Elle dit?: «?C’est très gentil comme histoire, le langage est un peu suranné, n’est-ce-pas???» Même si elle ne lit plus de BD maintenant, elle se souvient de Yakari et d’Astérix, les BD de ses enfants qu’elle lisait parfois. Elle les a d’ailleurs gardés à l’usage de ses petits-enfants. Elle ajoute?: «?…En fait, ce qui m’occupe ces jours ci, c’est la lecture des nouvelles de Caroline Lamarche.?» Elle dit qu’elle apprécie l’écriture fluide de cette autrice belge, les questions qu’elle se pose sur notre société, sur les rapports entre les gens et la condition des femmes. «?J’ai bien envie de lire d’autres romans de Madame Lamarche?!?»

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  • 7 ans de réflexion
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    7 ans de réflexion

    Toute en vivacité et doigts agiles, elle consulte alternativement les livres empilés devant elle et tape sur son clavier d’ordinateur. Elle fréquente la bibliothèque de l’Arsenal depuis environ 7 ans. Au début c’était pour son mémoire de master et depuis 6 ans, elle travaille sur sa thèse. Elle fait des études théâtrales, son sujet c’est «?Le théâtre de Saint-Pol-Roux?» un poète symboliste. Comme la bibliothèque Doucet qui conserve le fonds manuscrit de Saint-Pol-Roux est fermée depuis le mois d’octobre, elle vient à l’Arsenal tous les jours. Ici, elle fait plutôt des recherches périphériques à son sujet.

    De tous les sites de la BnF elle dit que l’Arsenal est le lieu qu’elle préfère, celui qui ressemble à la bibliothèque idéale telle qu’elle se l’imagine. Elle dit aussi que c’est le site le plus humain car le moins informatisé. Elle y apprécie la disponibilité des bibliothécaires.

    Elle est censée terminer sa thèse cette année, elle aurait besoin d’une dérogation si elle poursuivait l’année prochaine. Elle dit?: «?Ça serait fâcheux que ça dure plus longtemps?!?» Elle explique qu’elle n’a pas de financement, elle doit donc travailler en même temps qu’elle fait ses recherches, ce qui est le lot de pas mal de chercheurs. Elle dit qu’elle est nounou tous les jours de la semaine et fait aussi beaucoup de corrections de travaux universitaires. Elle est passionnée par son sujet, elle voudrait toujours continuer à faire de la recherche et écrire. Cependant, elle n’a pas vraiment de plan de carrière, elle ne sait pas trop comment elle va faire pour s’en sortir financièrement.

    Cette situation ne la laisse pas sans inquiétude.

    Elle songe à Mallarmé, un autre grand poète symboliste, professeur d’anglais dans un lycée qui souffrait de ne pouvoir se consacrer entièrement à sa poésie. « Bon, pour moi c’est un peu pareil.?»

    Puis tout à trac, elle dit?: «?Et aussi, je fais de la harpe baroque espagnole depuis toujours?!?» Elle ajoute?: «?Oui, ça prolonge mes recherches poétiques.?»

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  • Le chant des possibles
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    Enfant

    Le chant des possibles

    Elle est là pour réviser ses partiels. La BnF est plutôt son plan B, quand la bibliothèque Pompidou est saturée, ce qui arrive assez souvent en cette fin décembre. Elle est en 2e année de licence Lettres Édition Médias Audiovisuel, elle a 19 ans.

    Elle dit que juste après son bac, elle avait une idée très précise de ce qu’elle aimerait faire plus tard. Elle pensait être agent d’artiste mais aujourd’hui, elle se pose des questions. Elle trouve que le milieu de la culture est très élitiste, trop fermé. «?Pourtant l’idée c’est de mettre la culture à la portée de ceux qui n’y ont pas accès, non???». Si elle poursuit dans cette voie, elle voudrait vraiment œuvrer à son partage. Elle se verrait bien travailler au sein d’une association, dans les milieux alternatifs.

    Elle s’est également aperçue que le travail manuel lui manquait. Elle avait l’habitude de coudre, de dessiner, elle dit?: «?de bricoler des choses?». Peut-être pourrait-elle se réorienter vers un métier dans la création textile?? Elle réfléchit, essaie de s’imaginer. Elle a vu ses amis du lycée s’engager dans des filières plus artistiques, elle, elle ne se trouvait pas à la hauteur comparé à certains d’entre eux. Elle dit que sa production artistique ne lui paraissait pas suffisante. Aujourd’hui, elle se demande si elle n’a pas laissé tomber trop vite.

    Quoi qu’il en soit, elle va d’abord boucler sa licence, ensuite elle verra bien…

    In extremis, elle évoque un projet tout juste né en cette fin 2022. Elle explique qu’un groupe d’amis a fondé un collectif auquel elle a choisi de participer. Le but premier est la création d’un label musical, mais à terme, le collectif, qui s’appelle ÇASKAPT voudrait soutenir des projets culturels dans toutes sortes de domaines. Elle ne sait pas où cette aventure pourra la mener, mais elle dit?: «?Toute seule, j’ai parfois un peu tendance à me laisser couler.?» alors elle apprécie grandement d’appartenir à ce groupe.

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  • Planètes amies
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    Enfant
    Enfant

    Planètes amies

    Elles n’habitent pas très loin, elles fréquentent la BnF depuis assez longtemps?: «?Depuis le CP?» dit la petite fille de 9 ans. La mère ajoute que c’est même sur l’esplanade que sa fille a appris à faire du vélo.

    Ce jour-là, comme c’était les vacances, elles avaient décidé qu’elles iraient au cinéma voir le Chat Potté et qu’ensuite elles viendraient un peu à la bibliothèque. Elles ont trouvé une place dans le déambulatoire et en profitent pour travailler.

    Ici, la petite fille aime bien voir les gens qui étudient mais elle dit que ce qui l’attire le plus ce sont les grands globes dans le hall ouest. Elle les appelle?: «?Les planètes?».

    À l’instar de sa fille, la mère apprécie l’ambiance studieuse mais néanmoins vivante. Elle dit : « C’est pas guindé.?»

    La petite fille a presque fini d’illustrer Le Givre de Maurice Carême qu’elle doit apprendre pour la semaine de la rentrée. Sa mère fait un peu de grammaire hébraïque. Elle dit qu’elle a repris des études à l’Inalco, elle est dans la 3e année de sa licence bilangue arabe-hébreu.

    Elle adore les langues et le pouvoir qu’elles ont de nous faire entrer dans des mondes chaque fois différents. Un plaisir qu’elle tient à partager avec sa fille, qui est toute fière de dire qu’elle aussi apprend l’arabe et l’anglais.

    La mère dit : « J’ai un parcours d’autodidacte. J’aime apprendre, ça permet souvent de penser autrement et de sortir des chemins tout tracés.?»

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2022, vives voies

  • Mario Kart contre les chevaliers
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    Enfant

    Mario Kart contre les chevaliers

    À la station Bibliothèque François Mitterrand de la ligne 14, il a dit à sa mère : « Ah ! Il y a une bibliothèque ici, on pourrait y aller ? ». Elle a répondu : « Bon d’accord, pourquoi pas ? » « Et c’est comme ça qu’on a changé nos plans. » dit la mère du petit garçon. « Normalement on devait aller jusqu’à Olympiades. » Les mercredis, son fils de 7 ans termine l’école vers 13h, et ils ont l’habitude d’aller dans les bibliothèques. Souvent, ils vont à pied à la médiathèque Canopée, qui est près de chez eux, ou alors, ils prennent la ligne 14 jusqu’à celle qui se nomme Jean-Pierre Melville, rue de Tolbiac. C’est leur rituel du mercredi après-midi.

    À la BnF, ils n’étaient jamais venus, même si elle connaissait de vue le grand bâtiment. Ils ont trouvé leur chemin jusqu’en salle I. Une bibliothécaire leur montre la salle de lecture et leur explique qu’il est aussi possible de jouer à des jeux vidéo pendant 45 minutes. Au plus grand bonheur du petit garçon qui entame derechef une partie de Mario Kart.

    Sa mère aurait bien mieux aimé explorer les rayonnages de livres, elle ne raffole pas de le voir jouer. Elle dit qu’elle essaye de limiter sa pratique. Le petit garçon affirme néanmoins qu’il préfère jouer aux jeux vidéo que lire. Cela désole un peu sa mère qui constate que les enfants ne sont jamais fatigués de jouer et que, par contre, pour les devoirs, ce n’est pas la même chose.

    Au bout du temps imparti, elle ne manque pas de demander à son fils de quitter Mario et de rendre la console. Il le fait avec peu de hâte. Le petit garçon voudrait trouver des livres avec des chevaliers. Ils n’ont plus trop le temps aujourd’hui, ils reviendront sûrement. Pour la photo, ils vont choisir un « J’aime lire » recommandé par la maîtresse. Le petit garçon est abonné depuis cette année. « Il aime Ariol et La cantoche » dit la mère. Son fils confirme d’un hochement de tête. Il fait ensuite ce petit geste des mains griffeuses, tout en doigts crochus, et dit : « Et aussi, les histoires de vampires, j’adore ! »

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  • Duelle
    Portrait – Description ci-après
    Ouvrage

    Duelle

    Il a une intensité rêveuse, un air de douceur et de dureté mélangés. Il ne connaît pas le pronom « iel », préfère qu’on le désigne au masculin.

    Il a mis du temps avant d’approcher la BnF. Il explique que quand il était plus jeune, il avait un ami très travailleur qui fréquentait les bibliothèques, lui non. Il voyait la BnF, qui venait juste d’ouvrir, comme un super colosse. Il dit qu’il était fasciné par ce temple de la connaissance, mais n’y était jamais entré. À la fin du confinement, il a eu la réminiscence de son ami de jeunesse, si studieux, et lui est venu l’envie de passer enfin les portes du colosse. Depuis, il vient souvent. Il consulte principalement des ouvrages sur les constructeurs automobiles. Il dit qu’il a perdu son travail à cause du COVID.

    Il était rédacteur technique. Il rédigeait des modes d’emploi d’objets comme les ordinateurs, les voitures, ou l’électroménager. Après les confinements, il n’a plus occupé que des postes en intérim.

    Il raconte son parcours, son école d’apprentissage pour la réparation automobile, puis son bac. Il évoque son 1er travail sérieux, à la fin des années 90, avec un ingénieur russe qui lui a beaucoup appris. Il dit qu’il s’est aussi pas mal formé seul. Il montre un petit mémento de technologie automobile dont il ne se sépare jamais. Il use d’un vocabulaire hyper technique, détaillé, il parle longuement, un plongeur en eau profonde.

    Et puis il revient au COVID, il dit que cela a remis un grand nombre de choses en question et que ça a bouleversé son équilibre. Il a eu tendance à s’isoler, il a perdu des amis. Il a aussi stoppé la transition qu’il avait entamée. Il a perdu son élan. Il dit que sa part rationnelle a repris le dessus, il se revirilise. Il sait que pour le travail ce sera bien plus facile, et c’est son objectif du moment, retrouver un bon emploi de rédacteur. Il aimerait bien aussi récupérer un meilleur équilibre intérieur mais pour l’instant, il a mis en sourdine son être féminin et son désir de transition. Cependant, il le dit à mi-voix, il ne renonce pas.

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  • Comme un poulpe
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    Ouvrage sur une table

    Comme un poulpe

    Il est assis par terre dans l’exposition Champollion, il dessine un bronze de la déesse Bastet. Il a 20 ans et il est étudiant aux Arts décoratifs, secteur Image imprimée.

    Il dit qu’il a eu récemment des cours autour du dessin, de l’écriture et du passage de l’un à l’autre. Le sujet a vraiment attisé sa curiosité. Cela l’a conduit jusqu’à l’exposition de la BnF.

    De plus, il a pris l’habitude d’aller dans divers musées, dernièrement le musée Guimet, et le Musée de l’Homme, pour dessiner une vingtaine d’œuvres qu’ensuite il grave. Il compte bien faire la même chose dans l’exposition Champollion. Il dit qu’il a découvert la gravure seulement cette année, et qu’il en est devenu très addict. Il fait surtout de la gravure sur plaque de lino, en taille douce mais aussi en taille d’épargne. Il explique que dans la taille douce, la gravure est en creux, les parties creusées sont encrées, en taille d’épargne la gravure est en relief, les parties creusées ne sont pas encrées. Il vient de finir sa 2e année aux Arts déco, il s’y sent très bien. Il aimerait poursuivre ses études jusqu’au doctorat. Il envisage d’orienter ses recherches autour de l’illustration scientifique, d’interroger les liens possibles entre art et science. Il montre sur son téléphone un beau poulpe brun et gris/bleu qu’il a gravé en taille douce en s’inspirant de la capacité mimétique du céphalopode, sa fascinante façon de percevoir et ressentir le monde qui l’entoure à partir de sa peau. Il dit qu’il nourrit sa création artistique de données scientifiques et de lectures. Il parle du biologiste Jakob von Uexküll, et des philosophes Vinciane Despret et Baptiste Morizot.

    Un de ses rêves serait d’accompagner des expéditions scientifiques en tant que qu’illustrateur. Il évoque Madagascar, qui recèle encore quelques terres peu explorées. Mais qu’importe le lieu, il est prêt à aller partout où le vent de telles expéditions pourrait le porter.

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  • Du sang, de l’estime
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    Du sang, de l’estime

    Il a un ordinateur portable mais écrit dans un cahier bleu, il parait inspiré, on l’imagine poète. En réalité, il prépare un oral blanc qu’il doit présenter le lendemain. Il a 20 ans, il fait un BTS en alternance en transport et logistique. Il travaille dans une entreprise spécialisé en optique et santé. Il dit que le lendemain on lui demandera de résoudre des problématiques autour de litiges entre des services de livraison et son entreprise, comme par exemple du matériel endommagé pendant le transport.

    Il note dans son cahier tout ce qu’il pense dire à l’oral. Écrire l’aide à mémoriser. D’habitude il s’installe dans le foyer mais aujourd’hui il est venu pour la 1re fois, s’assoir sur la terrasse. Il dit : « …histoire d’être plus détendu. »

    C’est sa 2e année de BTS, ensuite il voudrait poursuivre une année de licence : Responsable en Logistique. Il aimerait à terme monter sa propre entreprise de livraison, plutôt dans le domaine de la santé, livrer des médicaments, faire du transport de sang et d’organes. Il a un peu peur que ça ait l’air glauque mais c’est quelque chose d’utile aux autres. Ça lui ferait du bien à lui aussi. Il dit « Même égoïstement, j’aurais une meilleure estime de moi-même.»

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  • Sur la route
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    Ouvrage sur une table

    Sur la route

    Ces temps-ci, elle vient tous les jours à la BnF, elle consulte un journal de voyage du début du XVIIIe écrit en gothique. C’est assez fatigant à lire.

    Elle s’autorise une pause en regardant un reportage d’Annabelle la coccinelle, une femme qui vit dans son van. Elle dit qu’elle-même a acquis de fraîche date un fourgon, pour pouvoir continuer ses recherches tout en voyageant.

    Le document qu’elle déchiffre est une lecture parallèle à son sujet principal : le journal de voyage du Chevalier Uffenbach, un manuscrit de 4000 pages à l’écriture particulièrement illisible ! Ce manuscrit est conservé à l’université de Göttingen, elle travaille à partir d’une copie numérisée. Il n’a jamais été intégralement traduit en français et en allemand, et on n’en trouve qu’une version résumée. Elle s’est attelée à sa traduction, elle en est pour le moment à 500 pages. Ce texte fleuve a été rédigé de 1712 à 1716 pendant les années étudiantes du Chevalier Uffenbach. Elle dit que cet homme hors du commun, né à Francfort voyageait partout avec son luth et sa chienne Diane, un peu comme un journaliste beatnik du XVIIIe siècle. Il faisait des études de droit à Strasbourg mais était curieux de tout, passionné de technique, d’architecture et féru de musique baroque. Il a, entre autres, assisté sous les boulets de canon, à la prise de Fribourg, a traversé les Alpes à pied, est monté sur le Vésuve pour faire des tests acoustiques, et a rencontré Vivaldi à Venise !

    Elle dit qu’il notait ce qu’il voyait avec la vivacité désordonnée d’un jeune-homme de 20 ans. Elle décrit son personnage et objet de recherche avec grand enthousiasme. Elle est arrivée jusqu’à lui parce qu’elle est aussi musicienne, chanteuse et experte en musique baroque. Parfois ses amis lui disent : « On te croirait née à cette époque ! ». Pendant plus d’une dizaine d’années, elle a fait partie des Art Florissants, cet ensemble de musique baroque créé par William Christie. 

    Elle ajoute : « Et puis, je suis un peu beatnik aussi. »

    Elle espère qu’elle arrivera à traduire entièrement la partie strasbourgeoise du journal ainsi que la prise de Fribourg et qu’elle pourra la faire publier. Mais tout ça dit-elle est un travail sans fin.

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  • Engagés
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    Engagés

    Main dans la main, ils marchent dans le déambulatoire de la bibliothèque de recherche.

    Ils ne travaillent pas du tout les mêmes matières. Lui, est étudiant à HEC, il y suit un cursus en management. Avant cela, il a obtenu un master de finance à la Sorbonne. Elle, est à la fois étudiante en master de droit public à la Sorbonne et en licence de Sciences humaines et sociales dans une autre université parisienne.

    En plus de leur parcours étudiant bien rempli, ils ont un engagement civique très fort. Elle a travaillé dans une association qui s’occupe d’éducation, de réinsertion et de déconstruction de la radicalisation auprès de personnes fichées S. Lui a fondé une association, House of help, dont le but est de lutter contre la pauvreté et les inégalités.

    Ils disent qu’ils se sont rencontrés grâce à ce désir de servir l’intérêt général. C‘était il y a deux ans dans un séminaire réunissant une centaine de jeunes venant de toute la France et dont le point commun était l’engagement citoyen.

    Elle dit qu’après ses études, elle aimerait bien faire de la recherche en politique comparée. Elle voit son engagement associatif comme une façon de s’aérer l’esprit. Il dit qu’il aimerait être entrepreneur. Il a dans l’idée de créer plusieurs entreprises dans des secteurs clés différents et qui, ensemble, seraient capables de faire bouger la société. Il constate par exemple que le système bancaire actuel nourrit plus l’économie financière et la spéculation que l’économie réelle. Pouvoir contribuer à modifier cet état des choses, voilà qui lui plairait.

    Le goût pour l’engagement au service de l’intérêt collectif et le souci de la justice sociale c’est vraiment ce qui les réunit et peut-être aussi, ajoutent-ils, le fait qu’ils soient tous deux enfants d’immigrés. Lui de parents algériens, elle de parents turkmènes.

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  • Azote
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    Azote

    Elles sont studieuses mais échangent joyeusement, elles ont l’air de bien s’entendre. Elles font un BTS d’agronomie en production végétale. Pour l’heure, elles semblent un peu perplexes. Elles disent qu’elles ont de gros soucis avec l’azote et le cycle de fertilisation, une question bien complexe à leurs yeux. Elles sont en 1re année, et comme leur école est assez loin de chez elles, elles sont en internat. Elles disent qu’il y a peu d’écoles d’agronomie.

    Leur classe compte 7 élèves, ce qui est très bien pour apprendre mais montre que la spécialité ne fait pas vraiment le plein. Il y a 3 garçons issus de familles d’agriculteurs et quatre filles qui ne le sont pas. Néanmoins en ce qui les concerne, la filière les intéressait depuis longtemps.

    L’une a d’ailleurs quitté son pays natal, le Sénégal, afin de poursuivre ses études dans le domaine. Elle dit que ce qui lui plairait vraiment à terme, c’est de faire de la recherche en agroalimentaire. Elle ne sait pas si elle retournera au Sénégal après ses études.

    L’autre souhaite devenir ingénieur agronome, ensuite elle voudrait être conseillère agricole, un métier qu’elle a envie de faire depuis longtemps.

    Elles ne se sont pas dirigées vers l’agronomie parce qu’elles avaient une sensibilité particulière à l’écologie mais elles apprennent et disent qu’ils y a des choses qu’elles découvrent, le problème avec les abeilles par exemple. Ce qu’elles étudient cette année c’est la culture de grands champs mais quand on leur demande quelle serait leur plante favorite elles choisissent toutes deux des végétaux appartenant à des cultures intermédiaires.

    Celle qui a un haut vert dit qu’elle trouve très jolies les pousses de lentilles qui lui font penser par leur structure et la forme de leurs feuilles à des mini arbres.

    Celle qui a un foulard jaune choisit la moutarde à cause de la belle couleur dorée de ses fleurs.

    Elles expliquent que l’on fait pousser ces cultures intermédiaires entre celles de grands champs et que ces plantes servent à absorber l’azote excédentaire du sol ou de l’air et à éviter qu’il ne pollue l’eau.

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  • Lusophilie
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    Lusophilie

    Elle est maîtresse de conférence honoraire, spécialiste du roman contemporain portugais et des pays d’Afrique d’expression portugaise. Elle est à la retraite mais continue de faire de la recherche au sein d’un laboratoire de la Sorbonne nouvelle, dédié aux études sur les pays lusophones.

    En ce moment, elle rédige un article sur José Saramago, prix Nobel de littérature en 1998. Elle dit qu’elle réévalue la dimension socio-politique de l’œuvre romanesque de l’écrivain à la lumière des écrits d’un sociologue contemporain. Elle ajoute que Saramago, fils de paysans et communiste, a régulièrement dénoncé les discours de l’autorité et des dominants. Il a aussi souvent revalorisé le rôle des femmes.

    Elle dit que ce sont les hasards du choix d’une seconde langue à l’université qui lui ont fait découvrir le portugais. Elle a pris goût à cette langue et à sa culture et en a finalement poursuivi l’étude jusqu’en licence. Elle dit qu’elle a eu la chance d’avoir une bourse d’un an pour partir étudier à l’université de Lisbonne.

    Elle est arrivée juste quelques mois avant la révolution des Œillets. Elle dit qu’elle a alors vécu de l’intérieur ce retour à la démocratie et qu’elle s’y est pas mal impliquée. Elle a participé à la campagne d’alphabétisation de l’été 74 et finalement, elle est restée 5 ans au Portugal !

    Si on lui demande quels sont ses romans lusophones préférés, elle cite « La couverture du soldat » de Lidia Jorge, une autrice sur laquelle elle a travaillé et dont elle apprécie la beauté de la langue et la richesse des personnages.

    En ce qui concerne la littérature africaine d’expression portugaise, elle pense à un roman de José Eduardo Agualusa, « Théorie générale de l’oubli », une œuvre qui met en scène avec beaucoup d’humour l’histoire récente de l’Angola.  »

    Pour Saramago, elle dit qu’elle conseillerait « L’aveuglement » car elle trouve que c’est un texte puissant qui résonne avec notre actualité. Elle n’explique pas, elle dit : « Le titre parle de lui-même et puis il faut laisser les gens aller voir. »

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  • Être aimé
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    Être aimé

    Quand il était en 1re année de physique à l’université Pierre et Marie Curie, il fréquentait beaucoup les bibliothèques. C’était il y a une dizaine d’années, il a aussi un peu suivi des cours au CNAM, il aimerait bien y retourner mais il a dû arrêter ses études.

    D’abord, il dit juste que c’était pour des raisons personnelles et puis il raconte.

    Quand il était adolescent, dans sa Guyane natale, il a ressenti une très grande douleur à l’intérieur de lui. Il ne comprenait pas d’où cela venait, Il dit qu’il a fait des recherches dans les livres et il a vu que cette douleur était liée au besoin impérieux de trouver l’être aimé. Il dit que c’était très fort chez lui. Ça ne le quittait pas. Il a quand même finit par avoir son bac. Ceci étant fait il a voulu venir dans l’hexagone car il pensait que c’est ici qu’il trouverait son amour. Alors il est arrivé dans la région parisienne où, au début, son frère l’a accueilli.

    Il a donc commencé des études mais le besoin de trouver sa femme était si intense qu’il provoquait un grand déséquilibre intérieur et qu’il ne parvenait pas à se concentrer sur son travail universitaire.

    Il dit que maintenant il arrive mieux à maîtriser les choses, il dit : « J’ai grandi, je canalise mieux ce rêve bleu d’adolescent ».

    En ce moment, il n’a plus d’endroit à lui, c’est pour ça qu’il vient souvent à la BnF. Il dit qu’ici, il se sent en sécurité. Il peut également avoir accès au savoir, c’est important pour lui. Il aime aussi aller dans la salle de l’audiovisuel, il y joue aux jeux vidéo.

    Souvent il s’assoit simplement dans les fauteuils des halls et il cogite. Il use de son esprit scientifique pour élaborer toutes sortes de stratégies pour trouver sa femme. Il dit que ça le fatigue beaucoup et il s’endort parfois.

    Ce qu’il aimerait maintenant c’est réussir aussi bien que son frère qui est ingénieur.

    Il dit : « Je veux construire ma vie, avancer, c’est pas fini ! »

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  • Lumière bleue
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    Portulan – Description ci-après
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    Lumière bleue

    Elle est originaire de Galati, une ville roumaine des bords du Danube, mais c’est à Oxford qu’elle fait ses études depuis 2016.

    Elle entame cette année un doctorat où elle explore l’interconnexion des cultures au moyen âge. Son sujet est le capitalisme médiéval, les échanges commerciaux et la navigation atlantique, d’où sa venue à la BnF afin d’y consulter des cartes marines. Elle a reçu une bourse de recherche qui lui permet ce déplacement d’une semaine à Paris. Ce jour-là, elle est debout à scruter avec sa loupe une carte marine du XVe siècle, on ne la verra pas s’asseoir une seule fois. Elle dit que c’est une carte catalane, les légendes sont écrites dans cette langue, elle a été fabriquée à Majorque. Cette carte a la particularité de décrire assez précisément les régions septentrionales de l’Europe (Norvège, Suède, mer du Groenland…). Elle est faite pour la navigation et tous les ports principaux y figurent. Cependant, la carte est aussi décorée d’animaux et de personnages mythiques. Elle montre, par exemple, le portrait du monarque d’un royaume entièrement imaginaire appelé Organa [photo 2]. Elle ajoute que c’est aussi une des premières cartes ou l’on voit des navires représentés [photo 3] et que plus une carte comporte d’éléments décoratifs, plus son coût est élevé.

    Comme le portulan est très richement illustré, elle se demande s’il n’a eu qu’une fonction décorative. Elle a l’intention de demander aux conservateurs de la BnF si la carte a été analysée et si on y a trouvé des traces de sel qui pourraient indiquer qu’elle a bien été à bord d’un navire. Elle inspecte certaines légendes avec une petite lampe à lumière bleue qui rend le texte plus lisible, c’est ainsi qu’elle a découvert qu’il y avait des commerçants levantins qui se rendaient jusqu’en Flandres et en Allemagne [photo 4]. Elle dit que c’est une information précieuse sur la circulation des personnes et des marchandises. Voir une carte en vrai, lui permet aussi d’en apprécier mieux les traces d’usage, l’état du parchemin et d’approfondir son minutieux travail de recherche.

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  • Viens, viens !
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    Viens, viens !

    C’est sa 1re fois à la BnF, elle est venue voir l’exposition Guiseppe Penone.

    Elle est japonaise, elle vit en France depuis 2 ans et demi environ.

    Elle dit qu’il y a peu, elle est allée au centre Pompidou où elle a découvert les œuvres de Penone. Elle a été extrêmement touchée par l’artiste. Elle a cherché où elle pourrait voir d’autres œuvres de lui et c’est ainsi qu’elle a repéré l’exposition de la BnF. Ses affinités avec l’art elle les cultive depuis le temps où elle était étudiante à Kyoto, en esthétique et théorie de l’art. C’est également à sa période estudiantine qu’elle doit son attrait pour la France, quand elle a choisi par hasard, le français comme seconde langue. Elle a d’emblée été fascinée par ses sonorités. Elle dit : « C’est comme une chanson. »

    Elle s’est alors plongée dans la culture française, elle a vu un grand nombre de films, ceux de Godard, Truffaut, Buñuel, Louis Malle. Elle écoutait aussi beaucoup de musique, Gainsbourg, Brigitte Bardot, France Gall.

    Elle avait 20 ans, elle rêvait de vivre en France mais c’est à Kyoto qu’elle a trouvé du travail, dans le milieu de la mode. Elle a adoré son métier et son rêve s’est estompé.

    Puis, il y a deux ans, elle a vu « Mommy » de Xavier Dolan. Le film a d’un coup ravivé son goût de la langue française. Elle dit : « Ça m’a donné envie de tout comprendre du français. »

    Ses amis installés en France lui disaient : « Viens, viens ! »

    Alors elle a débarqué. Elle dit en souriant : « Pile au moment d’une grande grève des transports et juste avant le COVID. » Aujourd’hui, à Paris, elle travaille toujours dans la mode. Elle achète des vêtements d’occasion qu’elle revend à des clients japonais. Elle dit que dans son pays la friperie n’est pas très en vogue, car les japonais adorent le neuf. Elle s’inquiète de la consommation à outrance, y compris dans la mode.

    Elle est très adepte du recyclage et espère qu’il va se populariser au Japon.

    Pour clore l’entretien elle revient au sujet de l’exposition et au travail de Penone, elle dit : « Pure beauté, plus belle chose que j’ai vue cette année. ».

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2021, sous le masque

  • Tirer un fil
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    Tirer un fil

    Il n’est ni étudiant, ni universitaire, il n’est pas non plus à la retraite. Son métier n’a rien à voir avec sa présence à la BnF. Longtemps il a été ingénieur mais maintenant il est consultant en informatique. Cela lui laisse plus de loisir pour se consacrer à son activité favorite, c’est à dire la recherche.

    Il est membre de la Société d’Études des Hautes-Alpes (SEHA) depuis déjà une vingtaine d’années et écrit des articles d’histoire locale.

    L’année dernière il a travaillé sur un imprimeur et libraire de Gap, qui au début du XIXe siècle a perfectionné et breveté un nouveau procédé d’impression : la stéréotypie. L’article qu’il a rédigé va paraître prochainement dans le bulletin de la SEHA.

    Cet inventeur imprimeur de Gap l’a mené jusqu’à son nouveau terrain d’exploration et à ses recherches bibliographiques du jour. Il travaille, en effet maintenant sur les libraires des Hautes-Alpes au XIXe siècle. Pour récolter les informations les plus complètes sur son sujet, il dit qu’il s’est rendu aux archives nationales et aux archives départementales des Hautes-Alpes. À la BnF il consulte des ouvrages non accessibles en ligne. Il conduit son travail avec le plus de sérieux possible, la rigueur scientifique étant un de ses beaux soucis.

    Il dit qu’il poursuit d’autres recherches qui n’ont strictement rien à voir avec ses travaux pour la SEHA. Il collabore, en l’occurrence, avec une maison d’édition spécialisée dans la réédition de textes gays et lesbiens du XIXe et du XXe siècle. Par exemple récemment, il a transcrit et fait le dossier historique d’un roman intitulé « Ces messieurs du sens interdit ». Il a découvert qu’au début du XXe siècle cette littérature était beaucoup plus foisonnante que l’on pourrait supposer.

    Il dit que souvent, pour n’importe quel sujet, on tire un fil et on s’aperçoit qu’il y a plus à apprendre que ce que l’on imaginait au début. En tout cas, quel que soit le champ d’investigation c’est pour lui une occasion d’exprimer son goût toujours renouvelé pour la recherche.

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  • California dreaming
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    California dreaming

    Elle est californienne, née à San Francisco mais elle étudie dans le Vermont au Middlebury college sur la côte Est des États-Unis. Elle dit que c’est une très bonne université pour les langues étrangères et qu’une douzaine y est enseignée. Elle, c’est le français qu’elle a choisi. Pour suivre ce cursus, elle devait s’inscrire dans une université française, Paris IV Sorbonne en l’occurrence et étudier une autre matière que la langue même.

    Elle a opté pour la musicologie, car elle est aussi musicienne.

    Elle joue de la contrebasse depuis ses 11 ans. Elle était élève au conservatoire de musique de San Francisco. Elle a bien sûr déjà fait de la musicologie au conservatoire mais cette année, c’est la 1ere de son master et elle va devoir s’atteler à l’écriture d’un mémoire. Elle réfléchit encore à son sujet.

    Elle dit qu’aux États-Unis les gens ont tendance à penser que musicalement tout vient de chez eux (blues, jazz, rock’n’roll, rap…) alors justement explorer la part d’originalité et d’innovation apportée par la musique française tout au long du XXe siècle elle pense que cela pourrait être un bon champ d’investigation. Même si elle est de formation classique cela lui plairait de se pencher également sur la musique populaire.

    Elle serait aussi curieuse d’étudier la place de la musique dans la vie des français, comment ils la consomment et l’évolution de leurs goûts. Elle trouve qu’il y a tellement de différence entre les 2 pays.

    Après ses études, elle ne sait pas trop si elle va se diriger vers la recherche, continuer la musique ou bien les deux. Elle est à Paris depuis la mi-août. Elle rêvait depuis toujours d’apprendre le français et de vivre en France. Elle est venue avec bagages et mari mais sans contrebasse, difficile de lui trouver une place dans leur 20m².
    Tout est encore neuf pour elle. Elle a le sentiment que la musique classique est plus vivante et plus accessible en France. Elle dit qu’elle avait arrêté depuis un petit bout de temps de jouer en orchestre mais que ce changement de territoire lui a donné l’envie de renouer avec la pratique musicale.

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  • Un rêve à soi
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    Un rêve à soi

    Elle venait souvent à la BnF quand elle était étudiante mais aujourd’hui, c’est exceptionnel. Un impromptu problème de RER l’a obligé à cet arrêt à mi-chemin de chez elle et de son lieu de travail. Elle est en train d’assister à une réunion à distance. Elle s’échappe pour répondre aux questions. Elle dit qu’elle travaille au service qualité d’une grande marque d’électroménager. Elle est ingénieure de formation.

    Elle dit qu’au départ elle souhaitait plutôt travailler sur les méthodes de production mais le poste qu’elle a décroché pendant sa période d’études en alternance était celui d’ingénieure qualité.

    En juin 2021, quand elle a fini par obtenir un emploi c’est aussi en tant qu’ingénieure qualité. Ce n’est pas exactement ce qu’elle aurait aimé mais c’est son 1er vrai job après une période de chômage de presque un an !

    Car en effet, à la fin de ses études en septembre 2020, elle s’est heurtée à la pandémie. Ce long passage de plusieurs saisons où elle ne travaillait pas, elle l’a employé à réfléchir.

    Elle dit que ses parents viennent du Sri Lanka. Elle dit qu’ils ont à cœur de voir leurs enfants s’élever socialement. Les métiers d’avocat, de médecin ou d’ingénieur symbolisent pour eux la réussite. En devenant ingénieure elle sait qu’elle a réalisé le rêve de ses parents.

    Mais quel est son rêve à elle ? Que veut-elle vraiment ?

    Pendant cette période de chômage, elle a pris le temps d’y penser sérieusement. Et elle a décidé qu’elle devait sortir de ce chemin tout tracé.

    Depuis longtemps elle dit qu’elle est fascinée par la psychologie, la façon dont les humains en arrivent à prendre leurs décisions justement… La conscience et l’inconscient… C’est tout cela qu’elle veut étudier. Psychologue, c’est cela qu’elle voudrait devenir.

    Pour le moment elle va continuer son travail d’ingénieure, prendre ses marques dans son emploi encore tout récent. Elle envisage ensuite, en parallèle, de suivre un enseignement à distance ou bien des cours du soir.

    En tout cas, au début de l’année prochaine, elle a bien l’intention de commencer ses nouvelles études.

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  • Se tromper, recommencer
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    Se tromper, recommencer

    D’abord il dit non à la photographie, puis après une courte réflexion, il accepte. Montrer son visage sur les réseaux sociaux il n’a pas vraiment envie mais s’il peut remettre son masque alors il est d’accord, car parler oui, il veut bien.

    Il a découvert la BnF quand il était au lycée mais il y vient beaucoup plus régulièrement depuis qu’il a commencé sa prépa commerce. Il achève tout juste sa 1re année.

    Il dit que pour le moment, il a surtout eu des cours de maths, de géo politique, d’anglais, de chinois et de lettres. À la fin de sa seconde année, il passera le concours pour entrer dans une de ces écoles de commerce, plus ou moins prestigieuse selon le classement qu’il aura obtenu. Mais en fait, il ne sait pas trop vers quoi il voudrait se diriger. Il a passé un bac S mais il n’aimait pas l’aspect scolaire des études, il dit : « Le coté robotique…Tu recraches ce qu’on t’a appris. ». Pour lui, pendant longtemps, l’école était vide de sens.

    Il a espéré échapper au schéma scolaire classique en intégrant une école de cuisine. Il dit que ça a été une belle et riche expérience mais ce n’était pas ce qui lui convenait. Il dit aussi qu’il ne souhaite pas plonger trop vite dans le monde du travail.

    S’il a finalement choisit une prépa commerce c’est parce qu’il pense que cela lui offrira des perspectives plus larges, un chemin plus ouvert.

    Il déclare, avec un mélange de fermeté et de timidité, qu’il aimerait dire à tous les jeunes comme lui, qu’il ne faut pas avoir peur de se tromper, qu’en fait, il n’y a pas vraiment d’erreur et que le parcours scolaire ne définit en rien une personne.

    Lui, en tout cas, ce qu’il désire surtout c’est continuer d’apprendre à apprendre. Il y attache une très grande importance.

    Cela lui rappelle un proverbe que son père, lui répète souvent en chinois.

    Il en cherche la signification la plus claire en français. Après une brève consultation de son téléphone il dit qu’on pourrait le traduire ainsi : « On commence à vieillir quand on arrête d’apprendre. »

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  • La question des échelles
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    La question des échelles

    Il est professeur à l’université de Dijon en littérature française du XXe siècle. Sa spécialité est la théorie de l’histoire littéraire et en particulier la question des échelles. Il dit qu’il interroge, par exemple, le choix du cadre national, comme référent principal dans l’étude de la littérature. D’autres échelles seraient en effet possible, on pourrait sortir du cadre national et envisager d’autres ensembles comme celui de l’Europe, ou peut-être de la francophonie, ou d’autres encore.

    Il habite à Paris et il se rend à Dijon un à deux jours par semaine. C’était ainsi avant la pandémie, mais cette année, les cours ont eu lieu essentiellement à distance.

    En ce mois de juillet, il s’applique à l’écriture d’un article consacré au « Mur » de Jean-Paul Sartre, ouvrage qui est au programme de l’agrégation de lettres 2022. Il analyse dans ce recueil de nouvelles, la couleur noire et la figure du Noir. Son article sera publié à l’automne dans un numéro spécial agrégation de la revue « Roman 20/50 ».

    Il est revenu travailler à la BnF dès sa réouverture. Il dit qu’il a été très pénalisé pendant le temps où la bibliothèque était fermée et pour l’heure, son ouverture encore partielle et le manque de souplesse dans la transmission des documents continue d’entraver ses recherches. Cependant, il aime beaucoup le lieu, il y vient depuis presque 25 ans. Il y a rédigé sa thèse et son HDR (Habilitation à Diriger des Recherches).

    Si la période n’a pas toujours été simple pour lui, il a constaté que pour ses doctorants et bon nombre d’étudiants en général, cela a été souvent encore plus difficile. Il dit qu’il a vu une perte de repères chez pas mal de jeunes gens, de la fragilité et la solitude s’installer. Il explique cela en partie par l’absence de partage entre étudiants et enseignants, cette longue suspension de la collectivité.

    Il espère que la rentrée prochaine lui permettra de retrouver ses étudiants et ses collègues, enfin en vrai !

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  • Première fois
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    Première fois

    Ils aiment marcher dans Paris. Ils ont quelques coins favoris comme le quartier chinois ou la BnF, tous deux situés dans le 13e arrondissement. Ils prennent le tram depuis leur 20e pour rejoindre ces lieux et de là ils se baladent en remontant tout doucement vers chez eux. Souvent ils commencent par déjeuner, parfois sur la dalle des Olympiades, parfois quand ils arrivent sur l’esplanade de la BnF, comme aujourd’hui. Il montre un camion devant le cinéma et dit : « Ils font de la cuisine béninoise ici et comme je suis béninois… » À la BnF, ce qu’il leur plait c’est la proximité du cinéma avec sa librairie et ses petites boutiques. Elle ajoute qu’en plus, ils adorent regarder les danseurs de l’esplanade.

    Elle n’est jamais entrée à l’intérieur de la BnF, lui est venu, il y a longtemps quand il faisait ses études d’éducateur. Elle aussi est éducatrice.

    Ces grandes promenades, c’est une habitude qu’ils avaient avant la naissance de leur bébé.

    Ils disent que cela ne va pas changer, elle précise que pour leur petite fille de deux mois et demi, ce jour-là, c’est la 1ère visite à la BnF et son tout 1er pique-nique sur l’esplanade.

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  • Vu
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    Bureau avec ordinateur et cahier

    Vu

    Son maillot à impression léopard attire l’œil mais elle fait plutôt preuve d’une certaine réserve, toute aussi féline d’ailleurs. Elle est doctorante à l’EHESS où elle étudie les cultures visuelles, avant cela, elle dit qu’elle a également fait des études de graphisme.

    Elle travaille sur l’histoire de la publicité dans la presse, son sujet traite précisément des images publicitaires dans Life et Paris Match au cours des années 50 et 60. Elle s’intéresse autant au style des images, qu’à leur mode de production et aux stratégies déployées par les publicitaires de cette période.

    Ce jour-là, ce n’est pas son doctorat qui l’occupe mais l’écriture d’un article sur Vu, le très novateur magazine photographique des années 30.

    Elle dit que le travail en temps de pandémie, est assez compliqué. Elle a dû beaucoup adapter sa façon de travailler, toujours prévoir, planifier. Elle regrette que cela ne laisse plus place à la spontanéité dans la recherche. De même, il y a ce voyage programmé à New-York pour consulter des archives à la bibliothèque de la New-York Historical Society qu’elle a été contrainte d’annuler.

    Elle a commencé son doctorat il y a un an et demi, elle ne donne pas de cours réguliers pour l’instant mais à terme elle aimerait bien enseigner les cultures visuelles. À la fin, elle dit que son sujet de doctorat, elle l’a aussi choisi, parce qu’elle est très amatrice de la presse des années 30 à 60 et elle ajoute, comme pour donner une petite chose d’elle, qu’elle en fait même un peu collection.

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  • Être ailleurs
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    Être ailleurs

    Il dit qu’il s’est mis en retraite, mais il continue de venir souvent à la BnF, comme quand il travaillait. Il aime être là, à cause de la sensation d’espace que lui procure le lieu. Il dit qu’il est un peu claustrophobe et ici, il ne se sent pas oppressé. En plus il trouve que le fonds étranger est tout à fait remarquable.

    En ce moment, trois sujets différents occupent ses heures de recherches. Le premier concerne un psychanalyste allemand qui a écrit sur Max Ernst, si le texte est suffisamment intéressant il envisage de le traduire.

    Il commence aussi à se documenter sur la sœur d’Alfred Sauvy, la très aventurière Titaÿna.

    Et enfin, il explore le lien entre nationalisme japonais et zen pendant la seconde guerre mondiale. Il projette d’écrire un article à ce propos.

    Il se décrit comme un écrivain, voyageur et poète. Il dit qu’il y a plusieurs livres de lui dans le catalogue de la BnF et surtout un usuel sur Octavio Paz en bibliothèque de recherche, ce dont il n’est pas peu fier !

    Durant sa foisonnante vie professionnelle, qu’il considère étrangement comme un peu bancale, il a alterné responsabilités au sein de structures culturelles et activité d’enseignant chercheur.

    Il a été conseiller culturel auprès de l’ambassade de Suisse, directeur de l’Institut Français d’Amérique latine, et aussi directeur de la Maison de la poésie à Paris. Il a vécu au Japon, enseigné à l’université des Antilles, au Mexique, à SciencesPo et la liste n’est pas close des endroits par où il est passé et où il a vécu.

    Il dit qu’il a fait son 1er tour du monde, en gagnant une bourse à 25 ans, depuis il voyage et il écrit, en résumé, oui, il n’aime pas s’installer. D’ailleurs il dit que si la COVID ne sévissait pas en ce moment, il serait déjà reparti pour un nouveau tour du monde.

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2020, d’un monde à l’autre

  • La boule et le donut
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    Brouillon de formes géométriques – Description ci-après

    La boule et le donut

    Il est autrichien et originaire de Salzbourg, il a 22 ans. À sa table de travail, il est sérieux, concentré, mais plus tard quand il parle de son parcours, il est léger, avec un rire qui déborde.

    Il est arrivé à Paris il y a deux mois, avant cela il avait fait 3 années d’études à Munich. Il est inscrit à l’Institut polytechnique de Paris, qui est un établissement public créé tout récemment et réunissant cinq grandes écoles. Il y entame tout juste un master 1 en mathématiques. Il suit, principalement, les cours du cycle d’ingénieur de l’École polytechnique. Mais il dit que c’est souple, il se prépare surtout au doctorat et pour cela il a parfois des cours à l’université de Saclay ou ailleurs, selon les disciplines qu’il souhaite étudier. Il va commencer à se spécialiser dans le domaine qui l’intéresse, c’est-à-dire les probabilités et la statistique, dès le prochain trimestre. Il dit qu’il est encore en phase de découverte, il ne sait pas quel sera son sujet de thèse, ni même s’il va vraiment faire une thèse. Il envisage de s’orienter vers la recherche, mais il n’est pas sûr. Il pourrait aussi très facilement opter pour le métier d’ingénieur, mais plutôt avec l’idée de développer de nouveaux concepts, de nouvelles pistes technologiques. Ce qu’il veut surtout, c’est ne pas s’ennuyer.

    Pour le moment, il remplit son cahier de petits croquis. Il dit que ce sont des exercices de topologie algébrique, une discipline qui vise à classifier les objets géométriques et où on apprend, par exemple, à faire la différence entre un donut et une boule.

    C’est aussi sûrement parce qu’il n’aime pas s’ennuyer qu’il a décidé de faire ses études à l’étranger. Il a choisi la France, parce que depuis longtemps, il en apprécie la langue et la culture. Il dit aussi qu’il y a pleins d’autres choses qu’il remarque ici et qui l’amusent : comme, notamment le fait qu’il y ait beaucoup de règles en France, parfois très compliquées mais que les gens ne les appliquent pas du tout à la lettre. Ce petit côté rebelle des français, n’est pas pour lui déplaire.

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  • Petit chercheur
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    Petit chercheur

    Il regarde avec une grande curiosité le long passage qui descend vers le hall ouest. Les agents de sécurité demandent à sa mère et à sa grand-mère s’il a bien sa carte de chercheur et même sans confirmation, avec des sourires et des gestes, ils l’encouragent : « Allez viens, viens, petit chercheur ! »

    En réalité, en cette fin d’après-midi, d’avant la canicule et d’avant le port des masques obligatoire, lui 14 mois, se promène simplement sur l’esplanade avec sa mère et la mère de sa mère. Il habite avec elles, juste de l’autre côté de la Seine. Elles ont l’habitude de l’emmener ici pour l’air, le ciel et l’ambiance dit sa grand-mère. Il a l’air très fasciné par les gens qui disparaissent doucement dans la pente, il semble aussi attiré par la musique et les danseurs qui s’exercent au pied des tours.

    Il se prête d’assez bon gré à la séance photo, mais malgré les petits stratagèmes déployés par sa mère et sa grand-mère, il n’a pas tellement envie de rester immobile, il y a plein de choses à voir autour, il s’éloigne un peu. Sa mère est debout. Elle répond à une ou deux questions tout en gardant un œil sur lui. Elle dit qu’elle fréquentait la BnF quand elle était étudiante. Elle faisait des études d’art graphiques, elle dit qu’elle aimait l’ambiance calme, propice à la concentration. Sa grand-mère, pour sa part, pratique régulièrement la bibliothèque de recherche. Elle est artiste, elle dessine, fait des estampes et aussi de la photographie, elle prépare une monographie sur son travail. En ce moment, elle vient étudier l’œuvre de Gerhard Richter, un peintre qui l’intrigue beaucoup et l’émeut puissamment.

    Pendant ce moment de conversation, il est revenu dans les bras de sa mère.

    Ils sont assis, il ne dit rien, mais il se lasse. Peut-être il a faim, peut-être il est fatigué. Sa mère voit qu’il est temps de rentrer. Ils quittent l’esplanade. Avant de partir à son tour, sa grand-mère raconte une dernière histoire qu’il n’entendra pas cette fois- ci. Elle dit qu’un jour dans le jardin de la BnF elle a observé un homme encordé à l’un des pins, réglant la tension des câbles de l’arbre et qu’elle a été hypnotisée par les mains de l’homme nouant les cordes. Elle dit : « A cet instant, l’homme est pour moi un accordeur au travail, concentré sur la sonorité, le timbre, la résonance des pins. » Cela fait aussi écho à un voyage au japon et à une forêt de pins du peintre Hasegawa Tohaku qu’elle a découvert lors de ce voyage.Elle dit que depuis, elle réfléchit à une installation sonore et poétique à partir de ces visions où France et Japon entreraient en résonance.

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  • De la représentation des femmes en littérature
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    De la représentation des femmes en littérature

    Elle est en quatrième année de thèse en littérature comparée. Thèse qu’elle prépare sous une double direction entre l’université d’Artois et Paris Sorbonne.
    Elle travaille sur la représentation des femmes dans le roman des années 1920 à 1950. Elle a choisi un corpus uniquement composé d’autrices, de langue française, anglaise et espagnole.

    Elle voudrait faire sa soutenance au plus tard en décembre.

    En plus de la rédaction de sa thèse, cette année elle a enseigné le français et la culture générale dans un lycée à Lille. L’année prochaine, elle donnera à nouveau des cours à l’université d’Artois, comme elle le faisait depuis 3 ans déjà, hormis cette année. Ses cours portent sur la question du personnage de roman ainsi que sur le rapport des femmes au roman et à l’écriture, au XXe siècle.

    Pendant le confinement, elle dit qu’elle a eu des difficultés à poursuivre ses recherches car elle n’avait plus accès à ses sources. Les ouvrages critiques qu’elle a besoin de consulter ne sont pas numérisés et peu ou pas réédités. Souvent, ils ne sont disponibles qu’à la Bnf ou dans quelques bibliothèques universitaires.

    On pourrait croire que des travaux autour de cette thématique très contemporaine des femmes auraient plutôt éveillé l’intérêt mais elle dit qu’en fait, cela n’a pas été si facile d’imposer son sujet. Quand elle a commencé sa thèse, 4 ans en arrière, l’idée a suscité peu d’adhésion. Cela n’a pas entamé son désir. Elle dit que depuis toute petite elle est très sensible aux différences de traitement entre femmes et hommes, elle espère contribuer par son travail à une prise de conscience des inégalités et clichés qui perdurent. Elle dit qu’elle se sent engagée.

    Quand elle aura bouclé sa thèse, elle souhaite continuer à enseigner tout en poursuivant ses recherches dans le même domaine.
    Si on lui demande de citer des romans faisant partis de son corpus et qu’elle aime particulièrement, elle dit, en français, Barrage contre le pacifique de Marguerite Duras, en espagnol, Nada de Carmen Laforet et, en anglais, The world my wilderness de Rose Macauley.

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  • Vivre ici
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    Vivre ici

    Bibliothèque de recherche, 3e jour de réouverture, 1re rencontre.

    Il est sur le point de repartir chez lui. Il dit qu’aujourd’hui, il est juste venu faire un tour de reconnaissance, pour voir comment les choses se passent.

    Il prépare un master en management et stratégie d’entreprise. Il doit rédiger un mémoire pour valider son diplôme mais il n’a pas encore trouvé le stage sur lequel il devra écrire ce mémoire.

    Avant le confinement, il était en rapport avec des entreprises mais tout s’est interrompu. Il est très soucieux de renouer les contacts, il montre son téléphone, parle d’un futur rendez-vous et de test en ligne.

    Cela s’entremêle avec le job qu’il fait pour payer ses études. Il travaille dans une pizzeria, où entre autres, il assure, si besoin, les livraisons. Il dit que pendant le confinement, cette activité a continué. Il estime que c’était normal, et utile pour des gens qui ne pouvaient pas se déplacer, ou bien pour des hôpitaux. Il a livré des pizzas à l’hôpital Ambroise Paré, par exemple.

    Son Master se termine à l’automne mais au mois d’août, il a déjà des examens à passer.

    Il est né au Bénin, où il a encore sa famille, mais il dit que ça a toujours été un rêve de venir en France. Là-bas, il a déjà occupé un poste dans une institution bancaire mais il aimerait vraiment trouver du travail, ici, dans son domaine. Oui, dans une banque, cela lui plairait.

    Il espère devenir assistant chef de produit ou travailler dans le marketing.

    Il affirme ce rêve mais il dit quand même : « C’est pas toujours facile quand tu es seul et étranger en France. » Ça n’empêche, ce qu’il voudrait c’est faire sa vie ici.

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  • Dernière rencontre avant confinement
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    Dernière rencontre avant confinement

    Février 2020, bibliothèque de recherche, dernière rencontre avant confinement.

    Il dit qu’il fréquente souvent la BnF car il habite tout près. Il est à l’entame de son doctorat qu’il prépare à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Il y a là-bas, un grand pôle de recherche et d’étude d’urbanisme, avec une spécialité autour de la ville durable. Il connaît bien l’endroit, il y a aussi fait son master.

    Son doctorat porte sur l’histoire de la voirie parisienne. Il s’interroge par exemple, sur ce qui se trouve encore sous le bitume parisien, c’est-à-dire les pavés de grès ou de granit, il s’intéresse à l’histoire liée à ces matériaux. En plus de ce travail de thèse, il enseigne l’histoire contemporaine jusqu’à la chute du mur de Berlin. Il dit qu’une fois son doctorat terminé, il aimerait continuer la recherche et l’enseignement, approfondir certains sujets d’un coté et aussi transmettre. Il pense que les deux sont complémentaires.

    De la petite discussion autour de ses projets, ressort également son désir de contribuer à l’élaboration d’un monde écologiquement vertueux. Il dit que si on veut réfléchir à cela, il ne faut pas omettre de se préoccuper des petits sujets du quotidien, comme justement l’entretien de la voirie. Étudier les savoirs et les compétences en jeu dans ces domaines, il est d’avis que cela peut aider à imaginer des solutions plus durables pour l’avenir.

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  • Les mots et les maux
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    Les mots et les maux

    Elle est assistante sociale, elle a décidé de reprendre ses études. Elle achève un master de sociologie à l’EHESS, son mémoire porte sur les luttes des femmes noires en France pendant les années 70.

    En ce moment, elle prépare son projet de thèse et elle travaille aussi sur un article à partir de son mémoire.

    Elle semble très investie dans son sujet, elle dit qu’elle a été, elle-même, militante syndicale.

    Dans son métier d’assistante sociale, elle dit, qu’en quelque sorte, elle panse les maux mais que cela ne lui parait plus suffisant. C’est la raison qui l’a poussée à reprendre ses études. Maintenant elle aimerait mieux s’employer à penser, à réfléchir au pourquoi des maux. Elle dit qu’elle aimerait comprendre comment ça marche, elle voudrait faire bouger les structures.

    En attendant, avec son travail de master et ensuite sa thèse, elle dit qu’elle veut donner sa juste place au passé et espère que l’on en tirera les meilleurs enseignements.

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  • Mais qui est donc Audigier ?
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    Mais qui est donc Audigier ?

    Il a mis un point final à son doctorat il y a peu de temps. Il a fait ses études à la Sorbonne et son sujet principal est Le Roman de Renart. Le titre de sa thèse est précisément « Dynamique du récit comique bref : Le Roman de Renart et les fabliaux »

    Bien sûr, il dit qu’il continue les recherches dans ce domaine. En ce moment, il prépare une communication pour un colloque sur la chanson de geste, qui aura lieu dans un mois. Son intervention portera sur « Audigier », un texte étonnant, très scatologique et comique, qui narre en décasyllabes les aventures du conte Turgibus et de son fils. La question sera celle du statut de l’œuvre : chanson de geste ou pas ?

    Il est, par ailleurs, professeur depuis presque 5 ans, d’abord dans le secondaire, et depuis cette année à l’université Paul Valery de Montpellier où il enseigne la littérature médiévale.

    Il habite à Paris, d’où sa fréquentation de la BnF, mais il fait les allers retours jusqu’à Montpellier pour donner ses cours, 2 jours par semaine.

    Il dit que ce qu’il aime dans la littérature médiévale c’est que tout le monde en connaît certains héros, comme ceux de la légende arthurienne, Renart ou encore Roland mais qu’au fond, c’est une littérature bien plus méconnue, et complexe que ce que l’on croit. Cela lui plait bien de faire découvrir cette richesse à ses étudiants et de déconstruire leurs a priori.

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  • Multivers
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    Multivers

    Elle est en deuxième année de licence à l’Inalco, où elle apprend l’hindi. Elle dit qu’elle a toujours été très attirée par l’Inde et l’Asie du Sud. Elle est déjà allée deux fois en Inde du Nord.

    Elle est passionnée par les langues, la linguistique et la mécanique du langage en général. Elle dit que cet intérêt très vif est peut-être dû au fait que sa mère est péruvienne et que petite, elle a appris le français et l’espagnol en même temps. Elle parle aussi l’anglais.

    Après sa licence, elle veut poursuivre en master de didactique des langues et du langage. Elle dit qu’ensuite, elle devrait se diriger vers l’enseignement du français langue étrangère. Après un petit temps, elle ajoute qu’en fait ce qu’elle voudrait vraiment, c’est travailler au sein d’associations où elle pourrait aider des gens qui ne parlent pas ou peu le français. Elle dit aussi qu’elle ne s’arrêtera pas à l’hindi, si elle pouvait, elle apprendrait toutes les langues de la terre. Pour elle, maîtriser une nouvelle langue, c’est expérimenter une autre façon de penser et de voir le monde. Elle adore ça, c’est presque comme changer d’univers à chaque fois.

    En ce moment, elle est en pause inter semestre. Elle dit qu’elle en profite pour aborder des lectures complètement différentes de celles de ses cours de licence. Elle s’évade vers les étoiles, un sujet pour lequel elle a aussi beaucoup d’attrait. Savoir comment ça se passe au-dessus de nos têtes, c’est une chose qui la captive.

    Et qu’est-ce qu’une personne à la curiosité si bouillonnante peut bien écouter dans son beau casque rouge ? Elle dit : « Le chant des baleines. »

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  • Médiateur
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    Médiateur

    Il vient à la bibliothèque une ou deux fois par semaine. Il a sa carte, mais il s’installe dans le déambulatoire quand il lit le Canard enchaîné. Il rit de temps en temps et il ne veut pas déranger.

    Il est né à Haïti mais il a grandi en Martinique. Il est arrivé en France métropolitaine, il y a deux mois. Il dit qu’il est là pour suivre une formation de Technicien Médiation Services. Un métier de médiation sociale décrit dans Le Répertoire National des Certifications Professionnelles comme devant « faciliter l’accès aux services et aux droits, et lever les incompréhensions entre les personnes et les institutions ». Il dit : « Normalement la formation doit durer 9 mois mais bon, ça dépend de Dieu… ». La précédente formation qu’il avait faite dans ce domaine avait dépassé le temps initialement prévu.

    Il trouve très important de continuer à se former. Il dit les choses changent et on a toujours besoin d’apprendre, de mettre ses connaissances à jour et puis il pense que ça l’aidera à trouver du travail. Mais ce n’est pas uniquement pour cela qu’il aime apprendre, il dit : « C’est aussi pour moi, pour m’enrichir ».
    Il semble avoir l’esprit curieux, il lit très régulièrement la presse.

    Sur sa petite table sont posés Le Canard enchaîné et le Figaro. Il dit qu’il veut comprendre ce que les politiciens pensent, et qu’en lisant ces 2 journaux aux points de vue extrêmement différents et auxquels il fait confiance, il arrive à se faire une idée.

    Pendant qu’il lit ses journaux, il écoute, d’une oreille, aujourd’hui les infos, mais parfois du jazz, du classique, radio Nostalgie ou l’Évangile.

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2019, à livre ouvert

  • Fan de Tolkien
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    Fan de Tolkien

    Il a 20 ans, après une licence de physique pas tout à fait validée, il est maintenant en licence de linguistique. Il s’intéresse surtout au croisement entre linguistique et logique. Il aimerait bien travailler dans le domaine de l’intelligence artificielle mais s’il fréquente la BnF ces derniers temps c’est davantage pour J.R.R. Tolkien que pour ses études. Aujourd’hui il est là pour assister à la conférence inaugurale du cycle consacré à l’écrivain. Il avait treize ou quatorze ans la première fois qu’il a feuilleté quelque chose de Tolkien. Il est tombé sur Le Livre des contes perdus un ouvrage qui contient des textes écrits par Tolkien entre 1917 et 1920, bien avant Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Ces contes sont les prémices du Silmarillion, ils constituent le premier tome de L’Histoire de la Terre du Milieu. Ils font partie des textes publiés après la mort de J.R.R. Tolkien par son fils Christopher et sont abondamment et savamment annotés. Il dit que pour quelqu’un qui ne connaissait pas du tout l’univers de l’écrivain, il avait fait le pire des choix possible ! Il n’a pas véritablement accroché. Un peu plus tard il a découvert les films de Peter Jackson et il dit qu’à ce moment-là il est directement passé de fan de Star Wars à fan de Tolkien. Ce n’est pourtant pas sur Le seigneur des Anneaux qu’il a ensuite jeté son dévolu. Le premier livre qu’il a vraiment lu c’est Le Silmarillion, il avait 14 ou 15 ans, depuis il ne sort jamais sans son petit Silmarillion tout corné, auquel il manque les 20 premières pages.

    Il admire la richesse et la complexité de la cosmogonie inventé par Tolkien et comment dans Le Silmarillion, elle se déploie sur un très long temps, des siècles et des siècles d’histoire et de légendes ! À côté, Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit ne couvrent que quelques années de cette si grande histoire et cela semble le désappointer un peu. Il dit qu’il finira un jour par les lire. Ce ne sera pas trop difficile car il possède 9 éditions en français du Seigneur des anneaux et 6 du Hobbit ! Il semble toujours marcher avec les elfes et autres héros et héroïnes de Tolkien. Il est capable de se réveiller le matin en se demandant mais quel est donc le nom de ce personnage et vite il se plonge dans l’annexe de son Silmarillion. C’est un rêveur, il le dit à mi-voix. D’ailleurs son personnage préféré dans l’œuvre de Tolkien est un marin échoué sur une île lointaine peuplé d’elfes. Il apparaît dans « Les contes perdus », au final aujourd’hui, peut-être son Tolkien préféré. Ce marin est le rapporteur des contes racontés par les elfes, il s’appelle Eriol, c’est-à-dire en langue elfique « le rêveur ».

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  • Un homme discret
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    Un homme discret

    Il ne voit pas ce qu’il pourrait avoir d’intéressant. Il dit qu’il a un métier normal. Même s’il est maintenant retraité, il travaille encore deux fois par semaine. Il est réceptionniste dans un hôtel 3 étoiles du 7e arrondissement. Il vient très régulièrement à la BnF mais n’a pas de carte. Il n’aime pas travailler dans le silence des salles de lecture, il préfère s’installer dans le déambulatoire. Là, il dit qu’il peut lever les yeux, voir la pluie tomber, le temps changer, les oiseaux voler et les gens passer. Il ne dit pas tout de suite sur quoi il vient travailler, il semble avoir un certain souci de la discrétion.

    Il dit qu’il essaye juste de réfléchir sur des choses. Parfois il publie l’état de ses réflexions sur Facebook.

    Au bout d’un moment, il dit qu’il est kabyle et qu’il accorde beaucoup d’importance à l’étude de sa culture et de sa langue natale, qu’il est très attaché à cette région. Il finit par dire qu’il milite pour l’indépendance de la Kabylie. Il sait que c’est un sujet polémique et que cela peut lui valoir quelques problèmes. Il le dit sans emphase et ajoute qu’il est aussi un pacifiste convaincu et fier d’assumer ses convictions et responsabilités militantes. Il ajoute dans un demi-sourire : « Advienne que pourra… »

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  • Complémentaires
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    Feuilles comportant des calculs mathématiques – Description ci-après
    Feuilles comportant des calculs mathématiques – Description ci-après

    Complémentaires

    Ils ont 20 ans et sont en prépa TSI (Technologie et sciences industrielles), c’est leur 3e année, ils ont passé les concours l’année dernière mais n’ont pas été pris dans les écoles qu’ils voulaient, alors ils recommencent.

    Ils ont l’habitude de travailler ensemble, ils forment un binôme très complémentaire. Elle dit qu’il excelle dans les matières scientifiques et que les profs lui mettraient 21 sur 20, si c’était possible. Elle, elle a justement besoin de son soutien dans ces matières mais elle peut l’aider en anglais, et puis elle le pousse à travailler et à venir réviser à la bibliothèque. Elle dit qu’il est fainéant, il a l’air tout à fait d’accord avec le diagnostic.

    Quoi qu’il en soit, ils intégreront chacun une école d’ingénieur l’année prochaine, ils espèrent au plus près de leurs souhaits. Il dit qu’il vise Centrale Supélec, elle dit qu’elle va viser un peu plus bas…

    Elle se pose des questions sur ses envies, elle dit que plus elle grandit moins elle a de certitudes. Elle ne sait pas encore vers quelle branche de l’industrie elle se dirigera, mais elle fait remarquer que tout comme il y a des médecins généralistes, il y a aussi des ingénieurs généralistes.

    Lui non plus, ne sait pas encore quel domaine il choisira, mais il dit qu’être responsable d’une équipe cela lui plairait bien.
    Pour le moment, ils sont en vacances et ils préparent leur devoir de maths pour la rentrée. Ils disent qu’ils ont à peu près 45 heures de cours par semaine et un gros Devoir Sur Table de 4 heures chaque samedi. Sans compter qu’ils ont chacun un petit boulot en plus de leurs études, lui est coursier et elle travaille tous les dimanches dans une boulangerie.

    Ils essayent de venir à la bibliothèque 3 fois par semaine et ils se gardent le mercredi soir pour les amis.

    Ils sont bien contents d’être en vacances, ils s’autorisent plus de soirées entre copains mais ils ont quand même décidé de venir à la bibliothèque 5 jours par semaine !

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  • Un esprit vif argent
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    Bureau avec feuilles, livre et crayon

    Un esprit vif argent

    Elle est vive et s’exprime dans un français très précis avec une pointe d’accent étranger.

    Elle choisit toujours une place éclairée par le soleil, elle dit que la bibliothèque de recherche manque de lumière.

    Elle travaille sur l’histoire du livre en France à l’époque moderne, c’est-à-dire de la fin du Moyen Âge à la Révolution française. Elle dit qu’à la BnF, elle peut facilement vérifier ses sources et disposer de toutes les éditions d’un ouvrage. Elle fréquente pratiquement chaque site de la BnF, elle parle de l’Arsenal où elle dit qu’il est agréable de travailler et où dans le domaine de la bibliophilie le fonds est exceptionnellement riche. Elle est aussi allée dans la salle de lecture de la bibliothèque de l’opéra, qu’elle qualifie de bonbonnière et où elle a découvert un manuscrit très important pour ses recherches.

    Elle adore l’approche encyclopédique de la BnF et pas seulement dans son domaine, elle aime parfois lire des livres de théorie économique ou de macroéconomie, car même si ses recherches portent sur l’époque moderne, elle dit qu’elle se sent très concernée et ancrée dans le monde d’aujourd’hui, qu’elle aspire à comprendre les forces et les idéologies qui le mènent.

    Elle vit en partie en France à cause de son sujet d’étude sur le livre français et en partie dans son pays d’origine où elle travaille. Elle dit qu’en France, elle rencontre beaucoup plus d’ouverture d’esprit et de curiosité intellectuelle que dans son pays y compris dans le domaine de la recherche.

    Elle dit qu’elle adore la capacité des français(es) à analyser et théoriser tout objet et toute idée. Elle termine en disant qu’elle apprécie beaucoup la qualité du service public français et ajoute que toutes ces choses, elle ne les trouve pas dans son pays. Finalement, elle dit qu’elle est italienne. Elle travaille à Rome, à la Bibliothèque d’histoire de la médecine de l’université Sapienza mais est également associée à l’IHMC à Paris.

    Elle réfléchit et une autre petite chose lui vient, elle dit qu’elle a déniché beaucoup de papiers d’archives d’érudits qui se sont avérés très utiles pour elle, elle a l’impression que ces papiers d’archives sont peu exploités et cela lui semble dommage.
    Voilà, c’est tout, elle peut retourner à la rédaction de l’article qu’elle prépare pour un colloque et qui a pour sujet le collectionnisme au XVIIIe siècle avec dans ses oreilles, Philippe Jaroussky qui chante Sileant Zephyri un air de Vivaldi et aussi Juliette Gréco.

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  • Amitié voyageuse
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    Amitié voyageuse

    Elles sont lovées dans leurs fauteuils, l’une lit à voix basse pour l’autre qui semble flotter au bord du sommeil.

    Celle qui dort est en apprentissage pour devenir jardinière/paysagiste, celle qui lit fait des études qui la formeront au travail social.

    Elles sont parties en vacances ensemble deux semaines et demie. Elles sont allemandes et amies depuis la maternelle.

    Elles ont usé de multiples moyens de transport pendant leur périple. Elles sont arrivées à Lyon en bus, puis ont enfourché des bicyclettes pour aller jusqu’à Bordeaux ; elles ont pérégriné un peu au bord de l’océan, ont ensuite repris le train à Bordeaux avec leurs bicyclettes et se sont arrêtées à Paris. C’est leur dernier jour de vacances, le lendemain, elles rentrent en Allemagne.
    Comme il pleut, et que les balades à vélo ne sont pas très agréables par mauvais temps, elles se sont réfugiées à la BnF. Elles disent qu’elles ont beaucoup de plaisir à fréquenter les bibliothèques, ce sont des endroits où elles se sentent bien. Elles en ont visité un assez grand nombre en Europe, elles ont bien aimé les bibliothèques norvégiennes.

    C’est dans une boîte à livres à Bordeaux qu’elles ont déniché leur petit poche, elles disent qu’il n’est pas tellement bon, mais qu’il n’y avait que très peu d’ouvrages en anglais, et que c’est mieux que rien.

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  • Divine comédie
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    Divine comédie

    Il a l’air de ne pas vouloir se prendre très au sérieux, il est néanmoins philologue et professeur à l’université de Salerne. Il fait quelques blagues sur lui-même et ses collègues universitaires, puis il dit : « Non, non ! Vous ne pouvez pas écrire ça. » Il ajoute : « C’est pas possible, je suis connu en Italie ! » Puis il rectifie : « Enfin non, pas moi, mon père surtout, c’était un poète. »
    On découvre, en effet, que son père était un poète et intellectuel renommé en Italie, et qu’il a été également membre du collège de pataphysique.

    Son fils semble en avoir hérité le goût des textes et de la langue et peut-être aussi l’humour pataphysique. Il est venu à Paris pour trois mois avec une de ses élèves, ils travaillent ensemble sur la Divine Comédie de Dante. Il dit qu’il y a 600 manuscrits de la Divine Comédie dans le monde, et qu’il les a tous vus, en tant que philologue son travail est de les étudier et de les comparer.
    Aujourd’hui, ce n’est pas un manuscrit qu’il est venu consulter mais les travaux d’un autre universitaire.

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  • Travailler comme danser
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    Travailler comme danser

    Elle aime bien la salle G, même si elle n’étudie pas les langues étrangères, c’est là qu’elle s’installe habituellement. Elle est, en fait, en deuxième année dans une école préparatoire au concours d’orthophoniste. En ce moment, elle travaille le vocabulaire. Elle utilise une multitude de stylos aux couleurs différentes, elle dit que le coté visuel l’aide à apprendre.

    Elle écoute aussi de la musique rock et pop, Queen, Guns N’Roses, ou Beyonce, des musiques qui lui donnent envie de danser mais aussi de travailler avec entrain.

    Elle dit qu’elle veut devenir orthophoniste depuis son adolescence.

    Pour elle, la communication entre les gens c’est essentiel, elle a vraiment à cœur d’aider les autres à s’exprimer, elle dit : orthophoniste, c’est le métier parfait pour ça !

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  • Rien que Mallarmé
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    Rien que Mallarmé

    Il est allemand mais vit à Paris. Il est chercheur en lettres modernes, il a enseigné à l’université de Duisburg-Essen et à Hambourg, maintenant il est à la retraite.

    Il travaille sur une partie de À rebours, le roman de Joris-Karl Huysmans, il vient en consulter la douzaine d’éditions critiques qu’il ne trouve pas ailleurs.

    Il s’intéresse spécifiquement aux 6 pages du texte où le héros parle de Mallarmé.

    Il est sur le point de publier sur internet ces 6 pages dans une anthologie de textes consacrée à la critique de la poésie dans les œuvres littéraires, mais aussi dans les lettres d’écrivains, ou encore dans des préfaces…

    Il écrit sur un bout de papier « Lyrik theorie », il dit : « Vous pouvez trouver sur internet ! »

    Il n’a pas trop le temps de donner plus d’explications, il doit rendre ses livres, ensuite il a un rendez-vous ailleurs, il ajoute : « Et je suis allemand donc ponctuel ! »

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  • 14 juillet
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    14 juillet

    Au premier abord, on les imaginait plutôt londoniens ou new-yorkais mais ils vivent à Göteborg en Suède.

    Lui est iranien, il est arrivé dans ce pays à l’âge de 4 ans.

    Elle, est née en Suède, sa mère est suédoise et son père turc. Elle dit qu’elle a été élevée par sa mère, n’a pas de souvenirs de son père mais qu’elle est justement en train de renouer avec ses racines turques.

    Cela fait 6 ou 7 ans qu’il vient rituellement, à Paris, une semaine au moment du 14 juillet, pour assister au grand concert du champ de mars et au feu d’artifice donné à la tour Eiffel, il trouve ça fantastique. Cette année, ils ont pour la première fois partagé l’expérience.

    C’est aussi ensemble qu’ils découvrent la BnF et sa terrasse propice à la lecture.

    Il est plongé dans un livre de neurosciences car si les circonstances et nécessités de la vie ont fait qu’il est devenu architecte, son rêve de toujours c’est la médecine. Il dit qu’en ce moment il a repris des études dans ce domaine, il aimerait beaucoup enseigner.

    Elle lit un livre de psychologie, par goût personnel. Elle est au tout début de ses études supérieures. Elle va entamer une année préparatoire, pour ensuite faire des sciences. Elle dit qu’elle hésite encore entre médecine et physique.

    Près de 20 ans de différence entre eux, c’est elle qui le fait remarquer. Ils en sourient, elle surtout, avec une petite pointe de malice, mais ils semblent au même endroit de leur vie respective, celui des nouveaux pas et des commencements.

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  • Mais où est l’entrée ?
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    Mais où est l’entrée ?

    Ils déambulent dans les espaces de la BnF, d’un côté le jeune-homme, de l’autre les filles.

    Les deux jeunes femmes se connaissaient car elles étudient toutes deux à l’université Sun Yat-Sen à Guangzhou (Canton pour les francophones), l’une est chinoise et l’autre vietnamienne.

    Le jeune homme est chinois aussi, mais a fait un master au Sri Lanka. S’il a une belle tenue qui fait un peu penser aux fameux moines de Shaolin, c’est parce qu’il est lui-même moine dans un monastère de Putuoshan, une île au Sud de Shanghai, haut lieu du bouddhisme.

    Ils sont tous trois venus spécialement à Paris pour assister à un atelier intensif de l’INALCO sur le bouddhisme. L’atelier dure 20 jours et ils en sont au début.

    En cette fin d’après-midi, ils ont décidé de se rendre à la BnF ensemble, ils ont presque fait le tour de la bibliothèque à la recherche de la salle de lecture où se trouvent les ouvrages sur leur sujet d’étude. C’est la salle J, philosophie et religion leur dira finalement un bibliothécaire.

    Ils disent que la bibliothèque est attractive et que même si l’entrée est difficile à trouver, ils reviendront sûrement une autre fin d’après-midi.

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  • Petits carreaux
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    Cahier contenant des notes
    Cahier contenant des notes

    Petits carreaux

    Elle a un ordinateur mais elle aime écrire dans des cahiers à petits carreaux. Elle a l’impression que toutes les idées y sont bien condensées.

    Elle est en terminale, elle prépare un bac spécialité art plastique. En ce moment, elle révise l’histoire. Cela fait 2 semaines qu’elle vient quotidiennement à la BnF pour ses révisions. Elle dit que le chemin jusqu’à la bibliothèque est déjà une mise en condition et puis elle ajoute que sa chambre et son bureau sont trop encombrés de peinture, de résine et de terre sans compter un chien à la présence bien affirmée.

    Elle a suivi une grande partie de sa scolarité par correspondance avec le CNED, y compris son cours de culture artistique. De son grand sac, elle sort un autre petit cahier celui-ci, dédié au cours d’art plastique.

    L’année prochaine elle espère intégrer l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris Cergy, elle en a passé le concours juste quelques jours avant. Il y a une section son et musique assistée par ordinateur et cela l’intéresse particulièrement car justement, elle compose aussi de la musique, fabrique et monte des bandes sons avec son ordinateur.

    Dans ses écouteurs, de la synthwave ou retrowave, genre musical inspiré des années 80.

    Elle dit, seule musique qui lui permet de rester concentrée pendant qu’elle travaille.

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  • Génie civil
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    Génie civil

    Il est étudiant en licence génie civil à La Rochelle.

    En ce moment il termine ses deux mois de stage de conducteur de travaux dans la région parisienne. Cela lui a donné l’occasion de fréquenter la BnF où il vient travailler sur son rapport de stage.

    Il est algérien de Béjaïa en Kabylie et il a décidé de faire ses études en France, il dit que le diplôme en génie civil y est plus reconnu, il a choisi d’étudier à La Rochelle car une partie de sa famille habite là.

    Il envisage de faire un master après sa licence, il voudrait devenir ingénieur, ensuite il ne sait pas s’il travaillera en France ou en Algérie, il dit qu’il y a probablement plus d’opportunités en France

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  • Itinérance douce
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    Itinérance douce

    Il cherche de la documentation dans la salle PRISME, car il prépare son projet d’entreprise.

    Il a un parcours un peu atypique, il a fait des études d’ingénieur et a travaillé dans le domaine des transports en commun puis il a arrêté ce métier pour devenir moniteur de voile cela, pendant 2 ans.

    Il dit le lien dans tout ça c’est la mobilité et la nature, aussi l’activité qu’il veut créer réunit ses deux penchants.

    Il a l’idée de proposer aux urbains des petits séjours dans la nature, départ de la ville (Paris en l’occurrence), à vélo ou à pied, nuit sous la tente et balade à la découverte d’une réserve ornithologique par exemple…

    Il dit que ce genre d’activité s’appelle voyage en itinérance douce.

    Maintenant, ce qu’il aimerait c’est trouver un ou une associée qui comblerait son manque de formation en marketing et en communication.

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  • Danse
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    Portrait – Description ci-après

    Danse

    Ils ont fait la même formation de danse, il est Français, elle est Israélienne. Concentrés et légers, ils sont plongés dans la création d’une chorégraphie destinée à être filmée.

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  • Au calme
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    Au calme

    Il comprend correctement le français mais il dit qu’il ne le parle pas encore très bien. Pour l’instant, il reste plus à l’aise avec l’anglais.

    Il est né au Bangladesh où il a fait des études de commerce et de management. Il a choisi de venir en France parce qu’il y a déjà de la famille, il vit ici, depuis maintenant 4 ans.

    Il fréquente la BnF assez souvent, il dit qu’il est bien au calme pour réviser son français.

    En ce moment, il apprend tout seul avec une méthode français / anglais / bengali.

    Il tient beaucoup à améliorer son français car si depuis 2 ans il travaille dans un restaurant parisien, côté cuisine et côté salle, il précise : « Cuisine française ! », il souhaite, par la suite, trouver un travail dans son domaine principal de compétence, c’est-à-dire le commerce et le management.

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  • Le coup de planche
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    Le coup de planche

    Elle est étudiante en master d’histoire de l’art à Paris IV Sorbonne et elle est berlinoise. Elle est venue à Paris, entre autres, pour la richesse des musées dans son domaine d’étude et aussi pour la langue. Elle ne savait pas si elle allait rester en France et finalement quatre ans après elle est toujours là. Son master de recherche a pour sujet un sculpteur français ornemaniste du xVIIIe siècle. Elle aimerait ensuite poursuivre ses recherches en faisant une thèse, plutôt dans le champ des arts graphiques, mais toujours au XVIIIe siècle. Après, elle envisage d’enseigner mais elle n’est pas encore sûre.

    Ce jour-là, à la Réserve des livres rares de la BnF, elle mesure très soigneusement chaque estampe sur l’ouvrage qu’elle est en train de consulter ou plus exactement elle mesure la gravure à partir de la trace que la plaque de cuivre a imprimée sur la page. Elle dit que cela s’appelle « le coup de planche » et que c’est important, par exemple pour faire un catalogue raisonné, d’avoir la dimension exacte de chaque estampe, avec le coup de planche.

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  • Fièvre
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    Fièvre

    Elle vient de Buenos Aires, et elle vit à Paris depuis presque un an. Elle est historienne de l’art, elle prépare un doctorat en cotutelle entre l’université de Buenos Aires et l’EHESS.

    Elle travaille sur la pensée politique de Christine de Pisan, sur sa singularité par rapport aux penseurs et écrivains de son époque.

    Elle s’est installée dans un carrel au-dessus des salles de lecture de la bibliothèque de recherche. Elle dit, un peu comme dans une cellule monastique, elle a besoin de solitude pour entamer la rédaction de sa thèse. Elle s’est quand même entourée des livres de son sujet de recherche, juste pour lui tenir compagnie dans cette phase d’écriture.

    Cette après-midi là, elle ne se sent pas bien, elle a de la fièvre mais elle est venue quand même. Elle dit que travailler sur Christine de Pisan, cette femme remarquable, cela lui donne énergie et élan.

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  • Par les villages
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    Par les villages

    Il est en France depuis peu de temps, il est hébergé dans le quartier et c’est la première fois qu’il vient sur l’esplanade, il aime bien voir les arbres et le jardin. Il ne savait pas que cet endroit était une bibliothèque. Il dit qu’il est né en Tunisie, il y a fait l’équivalent d’une filière sport études, spécialité kick boxing.

    Ensuite il a eu envie de quitter son pays, il dit par goût de la liberté, et désir de faire de nouvelles expériences. Il est arrivé en Allemagne, il a un peu arpenté le pays, il aime la nature, parle de « wilderness ». Il a vécu dans plusieurs villages, il a rencontré deux femmes, puis il dit : « Les choses n’ont pas fonctionné… »

    Aujourd’hui, il est là, à Paris, comme neuf, prêt à recommencer. Il dit qu’il a une image de sa vie dans la tête et qu’il travaille tous les jours à la réaliser. Et la guitare ? Il dit que c’est sa passion, une bonne compagne sur le chemin.

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  • Ma boîte
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    Ma boîte

    Elle est toute emmitouflée dans son châle, parce elle a un peu froid. Elle a 18 ans et un mois, elle est en terminale S. Elle a une amie qui vient travailler à la BnF depuis quelques temps et qui récolte de meilleures notes, cela l’a poussée à s’inscrire à son tour. Elle dit qu’ici, elle trouve le calme et qu’elle arrive mieux à se concentrer loin des tentations et des distractions qu’elle peut avoir chez elle.

    Elle n’a pas encore choisi ce qu’elle va faire l’année prochaine mais elle doit se décider bientôt car Parcoursup sera clôturé dans peu de jours.

    Elle a plein d’idées et elle n’a pas trop envie de se restreindre, le droit l’intéresse mais aussi la communication.

    Elle dit : « Plus tard, j’aimerais monter ma boîte » mais dans quel domaine ? Ça, elle ne l’a pas encore déterminé.

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  • Coup de fatigue
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    Coup de fatigue

    Il est écrivain, il fréquente l’ancienne « BN » depuis 1971 et François-Mitterrand depuis l’ouverture.

    Aujourd’hui, il a envie de ne rien faire, il dit qu’il est gavé d’écriture et de lecture. Il s’est assis là, dans le déambulatoire, incapable de rejoindre sa place en rez-de-jardin, où d’habitude il vient réunir de la documentation pour les livres qu’il a en cours d’écriture.

    Il travaille sur deux romans en même temps, c’est toujours ainsi qu’il procède. L’un des romans se passe dans les années trente en Italie et raconte l’incroyable conversion d’italiens au judaïsme en pleine période mussolinienne. Il est lui même d’origine italienne.

    L’autre histoire, se déroule aussi dans les années trente mais cette fois à Hollywood, où des producteurs créent un golem pour se protéger d’Hitler et des financiers de la côte Est des États-Unis. Bien sûr, un jour, le golem échappe à leur contrôle… Une belle série B en noir et blanc ! Il dit oui, c’est ça. Il regarde le ciel et les arbres, pensif et il ajoute : « Mais là, c’est un peu la panne. » Puis il conclut : « Vivement le printemps. »

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  • Des journées dans les livres
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    Des journées dans les livres

    Son père vient souvent travailler à la BnF et pendant les vacances il l’emmène et s’installe avec elle dans la salle du Centre national de la littérature pour la jeunesse parce qu’il sait qu’elle aime beaucoup lire.

    Elle dit qu’elle a 10 ans et demi et que la dernière fois qu’elle est venue elle a découvert un livre à propos de la Saga Harry Potter qu’elle n’avait jamais vu, elle a trouvé ça super.

    Elle aime bien être ici car elle peut lire vraiment ce qu’elle veut, des magazines, des romans, des BD, des documentaires et aussi des mangas.

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  • Mélancolie
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    Mélancolie

    Il dit qu’il ne comprend pas pourquoi on s’intéresserait à lui mais ne voit pas non plus de raison de refuser d’être photographié… tant qu’on ne le reconnaît pas… Il dit qu’il n’a rien de particulier. Un « homme sans qualités », comme dans le titre du roman de Robert Musil ? Il dit oui, que cela lui va bien. Il passe beaucoup de temps à marcher sans but dans la ville, parce qu’il en a besoin. Et puis il lit énormément. Il dit : « La lecture, c’est un refuge. » Il aime venir ici pour lire tranquillement. Il dit qu’il ne travaille pas, mais reste vague, et ne laisse deviner aucune explication à sa profonde mélancolie.

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  • Une passion italienne pour l’hébreu
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    Une passion italienne pour l’hébreu

    Elle est Italienne. Elle a d’abord étudié les langues classiques, latin et grec, auxquelles elle a ajouté l’hébreu. Elle s’est vite passionnée pour cette langue, sa littérature et sa culture en général. Elle est finalement devenue spécialiste de littérature hébraïque contemporaine. Après avoir travaillé en Italie et aux États unis, elle est depuis 7 ans maîtresse de conférence à l’Inalco à Paris.

    En ce moment, elle est plongée dans la préparation d’un article sur le poète Dan Pagis et Venise.

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  • Des vampires pour les vacances
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    Des vampires pour les vacances

    Elle a 8 ans, elle est venue avec sa mère qui est professeure des écoles. Elles vivent à Lyon et sont de passage à Paris pour les vacances.

    Comme la petite fille aime beaucoup lire sa maman voulait lui montrer la très grande bibliothèque. Elles sont entrées, la mère s’est dit qu’il devait bien y avoir un secteur jeunesse et elles ont découvert la salle I, qui est celle du Centre national de la littérature pour la jeunesse, justement ouverte aux enfants pendant les vacances.

    Et voilà, La petite fille est repartie à l’hôtel Transylvanie !

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2018, dedans et dehors

  • Sous le soleil
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    Sous le soleil

    Avant sa séance de cinéma, il profite du soleil d’hiver. Il vient à la BnF tous les mercredis pour assister au cours de philosophie ensuite il poursuit souvent son après-midi par une visite des expositions en cours, ou comme aujourd’hui, par un film au MK2 juste à coté.

    Il est photographe, cette année, il fête ses 30 ans dans le métier !

    Il dit que maintenant, à cause de son handicap, il ne peut plus réaliser de reportages tout terrain alors il se tourne vers le portrait, il dit qu’il a aussi plus de temps libre, d’où sa découverte et son assiduité aux « cours méthodiques et populaires de philosophie ».

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  • Judith Gautier et la musique asiatique
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    Judith Gautier et la musique asiatique

    Elle photographie avec beaucoup de soin les partitions qu’elle pose, l’une après l’autre sur le lutrin devant elle.

    Elle est née à Taïwan, mais ajoute qu’elle est maintenant française.

    Elle a fait sa thèse à la Sorbonne, en 2012, sur le musicologue et sinologue, Louis Laloy. Elle est aujourd’hui chercheuse associée à Paris IV, précisément à l’IReMUS, Institut de recherche en musicologie. Elle est spécialisée dans les échanges culturels franco-chinois.

    Elle vient au département de la musique, car elle prépare un article sur Judith Gautier et la musique asiatique. Elle explique que cette écrivaine, fille de Théophile Gautier, épouse de Catulle Mendès, maîtresse de Victor Hugo, grande admiratrice de Wagner, mais surtout critique musicale, spécialiste de civilisation chinoise ainsi qu’extrême orientale a notamment publié une présentation des musiques asiatiques à l’occasion de l’exposition universelle de 1900. C’est sur cet ouvrage et la musique chinoise qu’elle fait en ce moment des recherches.

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  • Avoir l’œil
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    Avoir l’œil

    Elle est venue à la BnF avec ses copines de DUT en Techniques de commercialisation. Elle est en 1re année à Saint Denis. Elles ont un travail de groupe à préparer. Elles doivent présenter à leur classe un produit innovant et leur donner envie de l’acheter.

    C’est la première fois qu’elle vient à la BnF. Elle dit qu’après ses études elle aimerait bien travailler dans la publicité.

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  • Une jeune-fille rangée
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    Une jeune-fille rangée

    Elle est enseignante en lettres modernes au collège. En ce moment, elle est en congé formation car elle prépare le concours de l’agrégation, dont les écrits sont en janvier. Elle travaille sur les Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, au programme cette année. Elle vient surtout consulter les 2 volumes de la Pléiade consacrés à l’écrivaine pour leurs notes et notices complémentaires très fournies.

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  • Portrait – Description ci-après

    Il est très réservé, il hésite beaucoup avant d’accepter d’être pris en photo. Il est né à Kobe au Japon. Il est venu en France il y a trois ans pour faire ses études à la Sorbonne, en littérature comparée. Son mémoire a pour sujet l’étude de la mythologie de l’Europe jusqu’à l’Inde, il examine comment la mythologie a été analysée et interprétée au XVIIIe et surtout au XIXe siècle.
    Il s’habille avec des vêtements traditionnels japonais, parce qu’il se sent bien ainsi et qu’il trouve que c’est plus joli, il dit plus kawaï qu’un jean et un tee shirt. C’est grâce à sa pratique du théâtre Nô qu’il a appris à revêtir un kimono, savoir porter ce vêtement traditionnel nécessite, en effet, un apprentissage. Il ajoute que c’est aussi un peu par nostalgie de son pays, même si les sentiments qu’il éprouve pour le japon sont complexes et pas uniquement positifs, il pense parfois que la société japonaise est trop stricte et oppressive.

    Il souhaiterait rester en Europe après avoir fini sa thèse car la communauté scientifique dans son domaine y est très riche et l’accès aux sources écrites mais aussi non écrites (peinture, sculpture, architecture…) plus facile. Il dit qu’il aimerait décrocher un poste d’enseignant chercheur et peut-être demander la nationalité française.

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  • Richard et Gaston
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    Richard et Gaston

    Il vient faire ses recherches au département de la musique car il est en master II à Paris IV Sorbonne, en musicologie. Il travaille sur Richard Wagner, il étudie les correspondances entre le visuel et le sonore dans les opéras wagnériens.

    Comme il a un grand attrait pour la bande dessinée et qu’il est auteur lui même, il voudrait créer un équivalent graphique à la dramaturgie musicale des opéras wagnériens, aussi, en plus de son approche théorique, il va proposer une adaptation en BD du 1er acte de Tristan et Isolde.

    Il dit que ce qui le passionne le plus c’est explorer toutes ces interactions qu’il perçoit entre la musique et les arts visuels.

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  • Projet personnel
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    Projet personnel

    Elle prépare son projet d’admission en thèse. Elle vient tout juste de s’inscrire en histoire médiévale à la Sorbonne. Elle va entamer un projet personnel qu’elle souhaitait réaliser depuis très longtemps, c’est-à-dire écrire une thèse sur un sujet qu’elle aime beaucoup, l’Italie médiévale. Précisément, elle étudie le développement de Pavie comme autre capitale du duché de Milan entre 1359 et 1500. Elle a choisi comme titre « Pavie, histoire d’une autre capitale ». En même temps, elle continue d’enseigner l’histoire-géo dans le secondaire.

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  • Voguing
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    Portrait – Description ci-après

    Voguing

    Cet été pendant la fermeture du Centquatre, la BnF a connu un afflux plus important qu’à l’ordinaire de jeunes gens en quête de mouvement. Aux quatre coins des tours, ont fleuri hip-hop, danse africaine, R’n’B mais aussi football free style, voguing et art martial.

    Ce jour là un groupe de garçons travaillaient leurs poses et pas de voguing.

    Cette danse urbaine née à New York et inspirée des poses exagérées prises par les mannequins dans les magazines est surtout, pour la communauté noire, gay et trans, un mode d’expression et d’affirmation de soi avec talons aiguilles, flamboyance, humour et énergie.

    À Paris, la culture du voguing est aujourd’hui bien représentée, certains considèrent même Paris comme la capitale européenne du voguing.

    Quelques garçons disent que maintenant la compétition est plus forte et l’entraide moins grande.

    Chaque groupe de voguing est structuré en maison ou « house » avec une mère ou « mother » à leur tête. Les maisons s’affrontent sur la piste de danse.

    Parmi ceux qui sont sur l’esplanade peu appartiennent déjà à une maison. L’un des garçons sur la photo dit : non, pas encore, l’autre dit doucement : c’est secret.

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  • Une affaire de style
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    Une affaire de style

    Il est à l’EHESS en première année de doctorat. Avant, Il a fait des études au conservatoire de Strasbourg et à Paris en violon baroque. Il vient d’arrêter pour se consacrer entièrement à sa thèse, son sujet : l’antiquité gréco-romaine dans l’œuvre de Franz Liszt.

    Quand il aura terminé, il dit que dans l’idéal il aimerait être enseignant chercheur dans le domaine musical.

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  • Les merveilleuses
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    Les merveilleuses

    Elles sont venues pour voir l’exposition Chaillot et la danse. Elles se sont senties particulièrement concernées car elles participent à un projet transdisciplinaire, chant, danse et arts plastiques justement organisé par le théâtre national de la Danse de Chaillot avec des habitants et associations de la Goutte d’or.

    L’une danse depuis très longtemps, l’autre un peu moins. Elles sont non professionnelles, passionnées et heureuses d’être embarquées dans cette belle aventure qui aboutira à un spectacle au mois de décembre au théâtre national de Chaillot.

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  • Un château en Allemagne
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    Un château en Allemagne

    Depuis son adolescence, elle adore les langues, autrefois, elle a appris un peu d’hébreu, elle est aussi bilingue français espagnol et elle s’est lancé avec beaucoup de détermination dans l’apprentissage de l’allemand. Elle vient d’acquérir un vieil exemplaire des contes de Grimm en allemand, enfant elle adorait ces histoires et elle a hâte de pouvoir les lire dans leur langue d’origine.

    Elle a aussi, le rêve un peu secret d’aller s’installer en Allemagne.

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  • Guinguette
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    Guinguette

    Ils travaillent à L’EP7, la guinguette numérique qui s’est installée à deux pas de la BnF. L’un est chef cuisinier, l’autre serveur, ils ont délocalisé leurs transats jusque sur l’esplanade pendant la coupure de service.

    Ils disent : « Ça nous fait une petite dose quotidienne de vacances en regardant passer les bateaux. »

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  • Après l’école
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    Après l’école

    Elles habitent dans le quartier et elles sont en 6e D au collège Thomas Mann juste à coté de la BnF.

    Elles se sont installées sur l’esplanade pour faire leurs devoirs de français.

    Elles disent c’est bien mieux d’être au soleil que de rester enfermées.

    Un petit air de vacances juste avant les vraies !

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  • Pline l’Ancien
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    Pline l’Ancien

    Elle est enseignante chercheuse à Lyon III. Sa spécialité est l’histoire des savoirs au XVe et au XVIe siècle en Italie. Elle vient souvent à l’Arsenal à cause de la richesse de son fonds ancien. En ce moment, elle consulte des traductions en italien de Pline l’Ancien, datant du XVe siècle. Elle travaille sur l’émergence d’une langue scientifique vernaculaire, c’est à dire le passage de la langue savante, le latin, à la langue vernaculaire, l’italien, et la formation d’un vocabulaire scientifique dans cette langue.

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  • Raretés à l’Arsenal
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    Raretés à l’Arsenal

    Il est italien, doctorant en cotutelle entre l’université de Pise et la Sorbonne. Il est en France depuis le mois de janvier.
    Il travaille sur l’utilisation des thèmes mythologiques dans la tragédie au XVIIIe siècle. Il cherche particulièrement les auteurs peu connus, il a envie de leur redonner une place dans l’histoire littéraire française.

    Il fréquente la bibliothèque de l’Arsenal car on y trouve justement des ouvrages du XVIIIe siècle jamais réimprimées et donc plutôt rares.

    Il aimerait finir sa thèse, entièrement rédigée en français ! Ensuite il espère trouver un poste d’enseignant en France ou en Italie, il verra bien.

    Dans ses écouteurs Sigur Ros, un groupe de musique Post Rock.

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  • Le DJ qui lisait Marc Aurèle
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    Le DJ qui lisait Marc Aurèle

    Entre 2 mix en Allemagne et à Ibiza, il a rempli son formulaire d’inscription pour accéder à la bibliothèque de recherche. Il est autodidacte, et s’intéresse beaucoup à la psychologie, aux neurosciences et à la philosophie, d’où le Marc Aurèle dans son bagage.

    Si en ce moment, il est concentré sur le nettoyage et la remise en ordre de son immense bibliothèque musicale, il compte bien revenir à la BnF pour travailler sur le livre de développement personnel dont il a commencé l’écriture.

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  • Sibérie
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    Sibérie

    Elle est psychologue clinicienne et fait partie du laboratoire de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse de l’université Paris Descartes.

    Sa thèse porte sur La transmission inter et transgénérationnelle et les mécanismes d’élaboration de l’expérience de déportation et de l’exil forcé en Sibérie.

    En d’autres termes, elle travaille auprès des familles ayant subi les déportations et l’exil en Sibérie, elle recueille leurs témoignages et étudie comment l’histoire se transmet et se transforme d’une génération à l’autre. Comme elle est lituanienne elle s’intéresse plutôt à la population de son pays d’origine.

    Elle dit qu’elle aime venir travailler à la Bibliothèque de l’Arsenal pour la beauté du cadre et le calme.

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  • Composition
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    Composition

    Tout en chantonnant, il écrit des notes de musique dans son cahier à spirales.

    Il est compositeur de classique contemporain. Il aime la musique française, Pascal Dusapin, Debussy et Ravel. Il est venu de Corée du sud, pour passer le concours du conservatoire national de Paris. Les épreuves ont lieu au mois de mai, et il restera en France jusqu’à l’annonce des résultats.

    Plus tard, il aimerait s’installer en Europe et composer sa propre musique qui ne serait ni coréenne ni européenne, simplement sa musique, il dit qu’aujourd’hui la musique n’est pas d’un pays mais un très grand mélange d’influences venues du monde entier.

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  • Révisions
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    Révisions

    Ils sont en terminale ES et ils commencent leurs épreuves du bac début mai. Ils révisent leur oral de langue, l’un fait anglais, espagnol, l’autre anglais, allemand.

    En ce moment, ils travaillent leur anglais et ils disent qu’ils sont dans le dur !

    Quatre notions à développer leur sont proposées, celle qu’ils revoient ce jour là porte sur l’immigration aux États Unis, d’Ellis Island à nos jours.

    Faut-il ajouter qu’ils sont fans de football, qui de l’OM, qui de l’Atlético de Madrid ? Nous vous laissons deviner.

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  • Cogito
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    Cogito

    Il a quitté le Sénégal y a quelques mois pour venir poursuivre ses études de philosophie en France. Il est maintenant inscrit en licence à Paris 8. Il est en train de faire une fiche de lecture, sur un texte un peu ardu de Derrida, « Cogito et histoire de la folie ».

    Ses philosophes préférés sont Descartes, Nietzsche et Kant. Lui aussi il voudrait devenir philosophe, penser, écrire et avoir la possibilité de transmettre sa vision du monde.

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  • Un oubli
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    Un oubli

    Il est sociologue et photographe, il aime mieux travailler dans les salles de lecture du Haut-de-jardin qu’en bibliothèque de recherche mais ce jour-là, il a oublié sa carte de lecteur, et il s’est installé dans le déambulatoire.

    Il est plongé dans l’écriture de son intervention pour un colloque à venir sur la représentation visuelle de l’activité politique.

    Précisément, il parlera de la campagne électorale de François Hollande en 2012 qu’il étudie au travers des images du photographe Sébastien Calvet.

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  • Prince
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    Prince

    Il révise son BTS de Management des Unités Commerciales. C’est la première fois qu’il vient à la BnF, il dit qu’il a été entraîné par une princesse, accessoirement étudiante dans la même filière que lui. ;)

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  • Une vocation
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    Une vocation

    Le petit garçon qui aime écrire.

    Il vit à La Plata, en Argentine, il est venu avec sa mère voir une amie et visiter Paris. Elles l’ont toutes deux emmené à la BnF.

    Il dit que l’ambiance et le silence lui donnent envie de lire, d’étudier et surtout d’écrire sur le champ !

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  • Élégance
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    Élégance

    Elle parle dans un français précis, élégant, avec un ton de voix posé et distingué.

    Elle dit qu’elle vient à la BnF pour trouver le calme, elle s’assoit toujours là pour regarder la forêt.

    Elle dit qu’elle est une grande lectrice devant l’éternel, vraiment incorrigible.

    Quand elle ne lit pas elle aime observer les gens qui passent, elle les étudie avec curiosité et un brin de malice.

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  • En voyage
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    En voyage

    Elles voyagent à travers l’Europe depuis 3 semaines, l’une étudie la biologie et l’autre l’architecture, d’où l’escale à la BnF.

    Elles se connaissent depuis qu’elles sont toutes petites.

    En ce lundi pluvieux, elles entamaient la dernière semaine de leur voyage avant de regagner leur Corée natale.

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  • Un habitué
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    Un habitué

    Il a sa carte de lecteur depuis 2009. Il est là presque tous les jours. Très souvent il regarde des films dans la salle audiovisuel.

    Il dit qu’il ne fait jamais la sieste à la BnF, préfère lire, bavarder avec une bibliothécaire ou faire un tour sur la terrasse pour écouter les oiseaux.

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  • Les filles en rouge
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    Les filles en rouge

    En duo, elles viennent juste de s’inscrire à la BnF. Elles sont étudiantes en première année d’économie à Tolbiac et, en duo, elles entament leurs révisions avant une semaine de partiels.

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  • Beauté brute
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    Beauté brute

    Il vit dans son camion et il passe ses journées dans les bibliothèques.

    Ses cahiers sont remplis de schémas complexes, maintenant il dessine avec son ordinateur tout en couleurs.

    Il est artiste plasticien et chercheur en sciences noëtiques. Il explique que ce sont les sciences de l’âme, de l’esprit et des consciences.

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2017, premiers portraits

  • Saturation
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    Saturation

    Assis par terre, parce que ce jour là les salles de lecture sont saturées, il est plongé dans la recherche d’un travail à temps partiel. L’autre partie de son temps il est étudiant en génie électrique.

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  • Une héroïne
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    Une héroïne

    Elle est chercheuse, spécialiste de la littérature fin XIXe siècle. Elle a la particularité de dessiner ses propres vêtements parce qu’elle aime s’habiller comme les héroïnes des romans qu’elle étudie.

    Ce jour là, elle porte un savant mélange, robe inspiration XIXe et béret année 50.

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  • Dramaturge
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    Dramaturge

    Toute en concentration, elle révise pour le concours du Théâtre national de Strasbourg, section dramaturgie.

    Dans la salle de lecture des Arts du spectacle à Richelieu.

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  • La fille d’Ipanema
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    La fille d’Ipanema

    Elle est brésilienne d’Ipanema et vit en France depuis 2 ans. Elle fait un doctorat en économie. Son sujet : La financiarisation des systèmes de santé publique en France et au Brésil.

    She really is The girl from Ipanema.

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  • Un long chemin
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    Un long chemin

    Il vient tout le temps à la BnF, il fait des recherches sur internet et Il adore lire, il lit presque tout ce qu’il trouve. Il arrive de la Côte d’Ivoire, il dit qu’il est passé par la Lybie et l’Italie pour venir juqu’ici, un long parcours qu’il aimerait raconter dans un livre.

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  • Faux-monnayeurs
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    Faux-monnayeurs

    Sur le grand bureau de l’esplanade, elle rédige un cours pour ses terminales L. Au programme : Les Faux-Monnayeurs de Gide.

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  • Géopolitique
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    Géopolitique

    Elle est étudiante en master à l’Institut français de géopolitique.

    Son sujet de mémoire : Identification et cartographie des bases de l’ONU à Kinshasa, République démocratique du Congo.

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  • Chez elle
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    Chez elle

    Elle est spécialiste des manuscrits d’écrivains du XXe siècle. Elle fréquente la bibliothèque depuis 1982, elle est à Richelieu comme chez elle.

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  • Stambouliote
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    Stambouliote

    Une stambouliote à Paris. Elle prépare un master en économie à L’EHESS. Pour travailler, la salle Labrouste a sa préférence parce qu’elle est belle et plus près de chez elle que le site François Mitterrand.

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  • La meilleure position
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    La meilleure position

    Diversification du vivant et position de confort. Il vient réviser le bac S avec un groupe de garçons et de filles de son lycée.

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  • Double cursus
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    Double cursus

    Elle est en classe prépa et en même temps en fac de droit. Elle prépare le concours de l’école normale supérieure. Dans ses écouteurs de la musique kabyle.

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  • Communiquant
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    Communiquant

    Il est en licence de communication et information, il révise ses partiels.

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  • Les mains du chercheur, le corps des ouvriers.
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    Les mains du chercheur, le corps des ouvriers.

    Paysage de travail d’un chercheur anglais vivant au Canada. Il vient à Paris parce qu’il travaille sur le corps des ouvriers parisiens, au XIXe siècle.

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  • Anges et démon
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    Anges et démon

    Elle travaille, sur sa thèse L’imaginaire biblique dans les textes de Léonora Miano et Tony Morrison.

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  • Soleil d’hiver
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    Soleil d’hiver

    Esplanade plage. Elle est étudiante à Paris VII, elle vient en voisine avec son ami, juste parce qu’elle aime bien l’endroit.

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  • Un refuge
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    Un refuge

    Dans le Hall Est, brulant comme le vent des steppes. Il vient très souvent ici, il est tranquille, il lit.

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  • Rendez-vous
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    Rendez-vous

    Elle vient de Nantes, elle a donné rendez-vous à la BnF, en attendant elle lit.

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  • La fille aux mangas
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    La fille aux mangas

    Station de travail dans le déambulatoire.

    Elle étudie dans une école de dessin. Elle adore les mangas.

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